Aziz Shokhakimov répond à nos questions ! 🎶

Aziz Shokhakimov répond à nos questions ! 🎶

Vous avez commencé à étudier la musique à l’âge tendre de six ans dans une école spécialisée pour les enfants surdoués. Pouvez-vous nous parler de cette expérience et de la manière dont elle a façonné votre carrière en musique, en particulier dans la direction d’orchestre ?

Tout d’abord, il faut savoir qu’en Ouzbékistan, nous avons une grande tradition en musique classique, parce que nous faisions partie de l’URSS, et surtout parce que, pendant la seconde guerre mondiale, beaucoup de professeurs de Moscou et de Saint-Pétersbourg sont venus s’installer à Tachkent, et sont restés dans mon pays pour donner des cours de musique classique aux jeunes.

Et mon école, l’école Vladimir Uspensky, est très renommée dans les pays d’ex-URSS, car beaucoup de très grands musiciens y ont étudié, comme le grand pianiste israélien Yefim Bronfman, ou encore mon compatriote et grand ami Behzod Abduraimov, qui est également un grand pianiste avec une carrière internationale.

Et parmi les personnes diplômées de cette école, il y a moi ! En fait c’est très inhabituel de commencer la direction d’orchestre à 11 ans ; initialement j’étudiais le violon et le chant. Comme ma voix a changé à l’adolescence, l’un de mes professeurs m’a suggéré de suivre les leçons de direction d’Orchestre, et après quelques cours il m’a dit que j’avais un vrai talent pour ça, et c’est comme ça que j’ai commencé à diriger l’orchestre de l’école

En plus de la direction, j’assumais également plein d’autres tâches comme la préparation des partitions pour les musiciens par exemple. Et c’est toute cette expérience qui m’a permis de devenir le chef d’orchestre que je suis. Ce sont des expériences très importantes dans ma formation, car quand vous regardez la formation de chef d’orchestre en Europe ou aux États-Unis aujourd’hui, ils n’ont pas accès aux orchestres pour leur permettre d’acquérir cette expérience rapidement. Donc j’ai eu beaucoup de chance d’étudier dans cette école, et ensuite d’être diplômé du conservatoire, ce qui m’a permis de diriger des orchestres et des opéras en Ouzbékistan.

En 2010, après avoir remporté le Deuxième prix du prestigieux Concours international de direction d’orchestre Gustav Mahler, votre carrière a connu un tournant majeur. Comment avez-vous ressenti cette reconnaissance et comment a-t-elle influencé vos collaborations avec des orchestres renommés tels que le London Philharmonic Orchestra ou l’Orchestra Sinfonica di Milano Giuseppe Verdi ?

Ce concours a été un moment crucial dans ma carrière, car je n’avais quasiment jamais voyagé en Europe et je n’avais bien sûr jamais dirigé d’orchestre européen avant.
Donc ce Deuxième prix m’a beaucoup aidé, puisque c’est après avoir obtenu cette distinction que j’ai reçu des invitations pour diriger des orchestres aux États-Unis, au Canada ou encore en Europe. Donc je suis très reconnaissant envers ce concours.

Votre première rencontre avec l’Orchestre philharmonique de Strasbourg en 2014 a été marquée par votre sentiment d’avoir créé des liens de familiarité et de proximité avec l’ensemble. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette connexion spéciale et comment elle a évolué jusqu’à votre nomination en tant que directeur musical et artistique en 2020 ?

J’ai eu en effet l’opportunité de diriger l’Orchestre à plusieurs reprises depuis 2014 et j’ai été impressionné par la qualité de l’Orchestre. Par ailleurs, j’ai tout de suite senti une alchimie avec les musiciens.

Et puis, même si c’est plus anecdotique, j’aimais également beaucoup cette tradition de se retrouver après chaque concert autour d’un verre pour discuter, de musique bien sûr mais aussi de la vie en général.

Et, pour toutes ces raisons, à chacun de mes concerts je me disais que si j’avais un jour l’opportunité de faire partie de cette famille au quotidien, ce serait génial !

Donc quand j’ai reçu l’invitation pour devenir le directeur musical et artistique de l’Orchestre j’étais évidemment très heureux.

L’Orchestre philharmonique de Strasbourg, fondé en 1855, a une riche tradition française et germanique. Comment envisagez-vous de perpétuer cette tradition tout en intégrant votre propre vision artistique pour l’avenir de l’orchestre, notamment en termes de collaborations et de programmation ?

C’est vrai que nous avons une forte tradition musicale français et germanique, mais également russe, puisque mon prédécesseur Marko Letonja est un très grand spécialiste de la musique russe.

Dans ma vision, il n’y a aucune limite à la perfection, et nous avons pour objectif de toujours proposer les meilleurs concerts possibles, que ce soit par le choix du programme, des solistes ou encore des chefs d’orchestre invités.

Et une des grandes chances que nous avons à Strasbourg c’est que les décisions se prennent collectivement avec les musiciens au sein d’un comité artistique, où chaque voix est importante, ce qui permet de définir notre stratégie pour le futur ensemble.

Que représente pour vous le programme Rachmaninov que vous allez diriger?  

Les Danses Symphoniques de Rachmaninov ont une importance particulière pour moi, puisque c’est l’œuvre que j’ai dirigée pour l’obtention de mon diplôme de conservatoire à Tachkent.
Je me souviens d’ailleurs très bien de ce concert avec l’Orchestre symphonique national d’Ouzbékistan, car beaucoup de musiciens m’ont dit à l’issue du concert qu’ils avaient ressenti quelque chose de vraiment particulier lors de cette pièce, notamment lors du dernier mouvement qui a pour base le motif Dies Irae, également utilisé par Berlioz par exemple. Et ce dernier mouvement donne un côté « apocalyptique » à cette pièce. Quant au Concerto n°3, c’est aussi une pièce très importante pour moi, l’un de mes concerti préférés, à tel point que je le dirige chaque année au moins deux fois !

Pourriez-vous nous dire quelques mots sur Alexander Malofeev ?

C’est un très grand pianiste, et je suis ravi de jouer avec lui devant le public de La Chaux-de-Fonds ! J’ai déjà collaboré une fois avec lui cette année lors du Festival International de Piano de la Roque d’Anthéron, où il avait joué le Concerto n°2 de Rachmaninov.  J’ai donc hâte de découvrir sa prestation sur le Concerto n°3, car c’est une pièce très exigeante, à la fois pour le pianiste bien sûr, mais aussi pour l’orchestre et le chef d’Orchestre.

Connaissez-vous la Salle de musique de La Chaux-de-Fonds ?

J’ai bien sûr entendu parler de cette salle de musique, mais je n’y ai encore jamais dirigé d’orchestre. J’ai donc hâte de la découvrir et de découvrir l’atmosphère qui s’en dégage, et j’espère que le public appréciera notre concert !

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