Le Tombeau de Couperin

Ravel débute en avril 1914 la composition de cette œuvre par la seule Forlane, dont il écrit humoristiquement lui-même : “Je turbine à l’intention du pape. Vous savez que cet auguste personnage […] vient de lancer une nouvelle danse : la forlane. J’en transcris une de Couperin.” Peu à peu vont s’ajouter les autres danses que Ravel va assembler en un recueil pour piano, qu’il intitule Le Tombeau de Couperin. Il ne s’agit pas d’une composition funèbre, tel un requiem, mais plutôt d’une composition poétique ou musicale, créée par l’artiste en l’honneur de quelqu’un. Si la première pièce est directement puisée dans l’œuvre de Couperin, il n’en est pas de même des suivantes. Dans l’esprit de Ravel, il s’agit plutôt de s’inspirer librement du XVIIIe siècle français tout entier, ce qu’il résume d’ailleurs bien lui-même : “L’hommage s’adresse moins […] à Couperin lui-même qu’à la musique française du XVIIIe.” En fait, Ravel n’écrit pas de véritables « mouvements » comme dans une symphonie, mais s’inspire ici de l’esprit des suites de danses que des compositeurs comme Couperin ou Rameau ont écrites pour le clavecin. Il ne s’agit donc finalement pas de copie, ni de pastiche, mais de libre interprétation revisitée des compositeurs du XVIIIe siècle.

Une des spécificités du Tombeau de Couperin réside dans le fait que le compositeur a tenu à dédier chacune des pièces à ses amis tués sur le front durant la guerre ; lui-même a d’ailleurs voulu se faire engager durant le conflit. Le Prélude est dédié à Jacques Charlot, qui avait transcrit pour le piano des œuvres de Ravel. La Fugue est dédiée quant à elle à Jean Cruppi, alors que la Forlane et le Rigaudon sont dédiés respectivement à son ami de Saint-Jean-de-Luz, le lieutenant Gabriel Deluc, et à Pierre et Pascal Gaudin, deux frères tués le même jour, eux aussi originaires de la même ville. Le Menuet est offert à la mémoire de Jean Dreyfus, beau-fils de sa marraine de guerre, chez laquelle il finira d’écrire le Tombeau de Couperin. Enfin, la Toccata finale, virtuose, est dédicacée au mari de sa fidèle amie la pianiste Marguerite Long, Joseph de Marliave, musicologue mort à Senon, dès le 24 août 1914. (Source: Philharmonie de Paris)

À écouter ce dimanche 10 mars à 17h. Et ici dans l’interprétation de Jean-Michel Dayez que nous entendrons d’ailleurs le 23 mars à Cernier avec Marie Perbost!

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