Le Nash Ensemble of London est devenu une institution de la musique de chambre au Royaume-Uni. Fondé en 1964 par la violoniste Amelia Freedman, le collectif a vu se succéder plusieurs générations de musiciens et est établi depuis dix ans en résidence au Wigmore Hall à Londres. Le violoncelliste Adrian Brendel, membre régulier de l’ensemble depuis 2014, se fait le porte-parole du quintette qui se produira à La Chaux-de-Fonds (…)
Adrian Brendel, qu’est-ce qui rend cette formation du Nash Ensemble si spéciale?
Le Nash Ensemble a été l’un des premiers collectifs de musique de chambre à être créé et s’est imposé au fil des années comme l’ambassadeur de la musique de chambre au Royaume-Uni. Il se déploie sous plusieurs formations et a accumulé un large répertoire d’œuvres depuis une cinquantaine d’années. On est une grande équipe et on se doit de faire prospérer l’héritage du Nash. C’est cette réputation de la musique de chambre britannique qu’on essaie de porter à chaque concert, peu importe la formation avec laquelle on joue.
(…) De manière générale, nous travaillons dans un esprit très collégial. Chaque musicien a une voix qui compte. C’est un échange mutuel au travers duquel on apprend les uns des autres. Vu qu’on a un répertoire assez large, l’important, quand on intègre l’Ensemble, c’est d’être rapide dans l’apprentissage et de savoir écouter la musique de ses collègues.
Intéressons-nous au programme. Vous interpréterez des pièces d’Igor Stravinsky et d’Antonin Dvorák dans la première partie du concert, puis conclurez avec Dimitri Chostakovitch. Quelle atmosphère cherchez-vous à créer en combinant ces trois compositeurs?
Les pièces de Stravinsky sont assez avant-gardistes et offrent des couleurs musicales flirtant avec l’extrême. Nous les avons choisies pour marquer le début du concert par des sonorités qui «élèvent» le spectateur. Dvorák n’a pas grand-chose en commun avec Stravinsky, mais il était si talentueux pour écrire des mélodies que ç’en est presque révoltant. En guise de clôture, nous jouerons une des pièces les plus connues de Chostakovitch qui raconte une histoire très mélodique. Pour un musicien, à chaque fois qu’on joue cette pièce, ça devient un événement. C’est ça qu’on essaie de transmettre au public.
Y a-t-il un élément fondamental que vous gardez à l’esprit quand vous jouez, écoutez et enseignez la musique?
L’un des éléments fondamentaux dans la musique, c’est la manière d’écouter, mais aussi la manière dont on accepte la musique des autres. C’est une magnifique métaphore de la vie au final, et c’est bien de se rappeler ce genre de choses quand le monde va mal (rire). La musique de chambre nous apprend à adopter les idées des autres par l’écoute et à travailler. C’est une merveilleuse aventure que je recommande à mes élèves de commencer le plus tôt possible!
propos recueillis par MÉLINE MURISIER
ArcInfo