Le concert du 14 mars 2025 se terminera par le second trio de Sergeï Rachmaninov, le dernier grand repré-
sentant du romantisme russe. Bien qu’écrits avant que le compositeur n’atteigne l’âge de 21 ans, les deux trios pour piano, violon et violoncelle, dotés d’une expressivité nostalgique, sont des œuvres tout à fait caractéristiques de son style. En 1873, à la mort de P. I. Tchaïkovski, qui fut son modèle et son mentor, le jeune Rachmaninov entame la composition de son Trio élégiaque n° 2 en ré mineur, op. 9. La dédicace « À la
mémoire d’un grand artiste » fait allusion au Trio pour piano, op. 50, de Tchaïkovski, qui portait la même dédicace en hommage à son ami, le pianiste Nikolaï Rubinstein. De plus, Rachmaninov a emprunté au trio de Tchaïkovski le nom « élégiaque », les thèmes et le plan d’ensemble (trois mouvements, dont le premier est Moderato, le deuxième, thème et variations, et le troisième, un court mouvement final). Il a également conçu le deuxième mouvement, composé d’un thème et huit variations, sur un thème Andante en fa majeur, présenté au clavier, qui évoque le motif principal de sa Fantaisie pour l’orchestre « Le Rocher », l’op. 7, dont Tchaïkovski avait promis de diriger la création fixée le 30 novembre 1873. Tout cela témoigne finalement de la profondeur de son chagrin. Achevé en 1894, le Trio est créé le 31 janvier 1894 à Moscou par Jules Conus, Anatoli Brandoukov et le compositeur au clavier, qui était l’un des meilleurs pianistes de son temps. Le Trio est publié la même année par Gutheim à Moscou, mais cette version ne satisfait pas Rachmaninov, qui le
révise en 1907, puis en 1917, dans sa quête de perfection. Texte; Dr. Veneziela Naydenova