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Alexandre Kantorow et la SDM CDF dans International Piano

International Piano, Novembre 2024

Alexandre Kantorow_ embracing the moment _ Gramophone

« Il y a un « facteur wow » équivalent dans le choix de Kantorow pour le lieu d’enregistrement : la Salle de Musique de la Société de Musique de La Chaux-de-Fonds, avec son Steinway de 1966 sur lequel Claudio Arrau avait l’habitude d’enregistrer. C’est le premier album que Kantorow enregistre dans ces conditions réputées idéales, attiré par une expérience en août 2022 dans cette salle qui l’a laissé sur sa faim, avec l’envie d’y revenir. « En général, je change toujours de lieu pour chaque enregistrement, car je suis curieux de tenter de nouvelles choses, et à chaque fois nous avons une nouvelle idée », commence-t-il. « Parfois, c’était dans une église. Il y avait aussi une salle “boîte à chaussures” à Paris, très difficile pour jouer, et j’ai la chance d’avoir un ingénieur du son [Jens Braun] qui est incroyable pour moi. Mais la dernière fois, nous nous sommes dit que c’était peut-être le moment de nous faire plaisir, d’aller dans un endroit où tout le monde nous dit que la qualité d’enregistrement est incroyable et où nous n’avons pas besoin de nous adapter follement pour que cela fonctionne ! »

Ainsi, La Chaux-de-Fonds – et bien que Kantorow ait pris la précaution de faire venir un piano moderne, une fois dans la salle, il est tombé amoureux du piano d’Arrau. « Il était couvert quand nous sommes arrivés », se souvient-il, « et quand nous l’avons mis sur scène et que j’ai commencé à jouer, j’ai réalisé qu’il y avait beaucoup à découvrir. J’ai juste voulu l’explorer encore et encore ; et la salle elle-même apporte également beaucoup, car elle est grande tout en gardant une sensation intime. » Quant aux qualités de l’instrument, « C’est un type de son issu d’une façon différente de fabriquer les instruments », observe-t-il. « Ce qu’il perd en tension des cordes et en capacité de projection dans une salle de 2000 places, il le compense en harmoniques et en couleurs. Le son médium est si riche, et très sombre. Cela ressemble un peu à du chocolat chaud. Vous pouvez aller vraiment en profondeur avec vos mains. Vous pouvez obtenir d’énormes dimensions de couches, et le timbre d’une note change énormément selon l’attaque. Vous pouvez également jouer beaucoup plus avec la pédale – il y a énormément d’harmoniques, et les changements de pédale ne sont pas aussi nets que sur les pianos modernes, ce qui vous permet de jouer avec des notes qui se fondent les unes dans les autres. » À mesure qu’il analyse, il devient frappant à quel point il ressemble aux musiciens à cordes décrivant une brève opportunité de passer d’un instrument récent à un ancien de Crémone, comme un Stradivarius. « Ce sentiment où l’on peut ressentir une personnalité dans l’instrument… », réfléchit-il. « Quelque chose qui semble mystérieux ; qui donne envie de s’y plonger davantage, et qui, ensuite, vous laisse avec des sons dans l’esprit que vous essayez de recréer sur d’autres pianos. »

Revenir à cette combinaison mystérieuse et magique de piano et de salle pour son dernier album consacré à Brahms a cependant nécessité d’accepter des conditions environnantes loin d’être idéales. Pour commencer, alors que Kantorow enregistre habituellement au terme d’un projet de performance, le concert des Sommets Musicaux de Gstaad – sa dernière chance de jouer le programme avant l’enregistrement – sera seulement la troisième fois qu’il l’exécutera en public. De plus, les séances d’enregistrement auront lieu de nuit.

« Oui, disons que cela a commencé de manière très pragmatique », rit-il, en voyant que mon expression suggère que ces conditions ne sont pas des plus simples. « Je n’avais pas eu beaucoup de temps pour construire ce programme, et je devais faire une grande tournée avec en mars, à ce moment-là je voulais être très clair sur ce que je voulais dans la musique. Alors, sachant que l’enregistrement est l’un des meilleurs moyens de consolider votre manière de jouer, je me suis dit qu’il était vraiment important d’essayer quelque chose de nouveau et de l’enregistrer avant. Et ensuite, la salle n’était pas disponible, donc la seule solution logique que j’ai trouvée était de demander si elle était libre pendant les nuits, et ils ont dit oui ! » Pourtant, cet après-midi de février enneigé, Kantorow ne semble ni inquiet ni accablé, mais simplement curieux de voir comment il trouvera le fait de traiter un enregistrement comme une partie du processus interprétatif. « Jouer la nuit a toujours une sensation spéciale », souligne-t-il. « Cette impression d’être la seule personne active dans une ville endormie. Je ne sais pas comment cela se traduira en enregistrement, car pour les séances il faut de l’inspiration, beaucoup d’énergie et de volonté pour continuer. Mais dans les jours précédant, je vais me préparer physiquement en essayant de ne pas dormir la nuit, et plutôt plus pendant la journée. » En outre, il a prévu une petite sécurité : un retour à la Société de Musique pour jouer le récital en concert – avec l’opportunité d’enregistrer la répétition de ce jour-là, et même d’entendre si son interprétation a beaucoup changé au fil des concerts entre-temps. »

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9 Préludes op. 103 de Fauré

L’opus 103 de Fauré est conçu entre 1909 et 1910, quelques mois à peine avant que Debussy se penche lui aussi sur un premier livre de préludes pour piano. Alors que, chez Debussy, ces pièces évoquent explicitement des inspirations extramusicales, les Préludes de Fauré – dépouillés de sous-titres et caractérisés uniquement par leurs différentes tonalités – semblent plutôt dépeindre des climats, changeants de numéro en numéro : intimité et méditation ; inquiétude et mystère ; sévérité ; sérénité pastorale ; etc. On rappelle généralement qu’au cours de la conception de ces préludes, Fauré travaille également à la composition de Pénélope. D’une part, tel le journal intime de l’auteur travaillant à un roman aux visées universelles, ces pièces introspectives semblent offrir au compositeur un soutien nécessaire pour s’ouvrir au genre populaire de l’opéra. D’autre part, on trouve ça et là quelques similitudes entre les pages pianistiques et l’ouvrage lyrique créé en 1913 à l’Opéra de Monte-Carlo (notamment au cours du 5e prélude). Il faut cependant également rappeler, avec Jacques Bonnaure, que la genèse de l’opus 103 est intimement liée à la création de la Société musicale indépendante (fin 1909) et que la première audition de l’ouvrage, sous les doigts de Marguerite Long, a lieu en son sein. Coup de semonce dans le paysage avant-gardiste parisien, cette nouvelle entité – organisée par Ravel, Koechlin et Schmitt, qui en offrent la présidence à Fauré – tourne le dos à la Société nationale de musique (dirigée par Vincent d’Indy) pour faire la promotion d’une nouvelle génération musicale. (Bru Zane Mediabase)

Sous les doigts de Lucas Debargue le 21 janvier 2025 et en CD qu’il signera à l’issue de son récital

Pendant de nombreuses années, Lucas Debargue a été fasciné par ce qu’il décrit comme la « douce mélancolie et la raffinement harmonique » de la musique pour piano de Fauré. Bien qu’il ait joué les premières œuvres du compositeur français, il avait évité les Bagatelles, les Nocturnes et les Préludes. Le déclic est survenu lorsqu’il a découvert les Neuf Préludes op. 103. Ces chefs-d’œuvre insaisissables, composés entre 1910 et 1911, « révèlent l’originalité profonde et la maîtrise » de Fauré, selon Debargue. Ils couvrent, ajoute le pianiste, « une large gamme émotionnelle, allant de la contemplation sereine à une angoisse extrême ».

Pour son nouvel enregistrement, Debargue a étudié l’ensemble de l’œuvre pour piano de Fauré en profondeur. À travers 4 CDs, il retrace « le cheminement du compositeur, depuis ses premières œuvres pour piano jusqu’à sa dernière contribution à ce médium ». L’enregistrement de ces œuvres, confie-t-il, a « transformé ma vie, tant en tant qu’homme qu’en tant que musicien ». Debargue est fermement convaincu que la musique pour piano de Fauré mérite un timbre instrumental tout à fait particulier. Avec le piano « Opus 102 », conçu et fabriqué par Stephen Paulello, un facteur de pianos basé en Bourgogne, il a trouvé l’instrument idéal. Ce piano tire son nom de son registre élargi de 102 touches, couvrant huit octaves et une quarte supplémentaire. Il s’agit d’un piano barless, sans cadre métallique au-dessus des cordes résonantes, permettant une résonance complète de chaque corde et donc de chaque note. Les cordes parallèles et les fils plaqués nickel contribuent également à produire un timbre pianistique singulier.

Ce que le pianiste décrit comme la « clarté idéale » de l’instrument l’a conduit à conclure que ce piano serait celui de ses enregistrements de Fauré. Parmi ses qualités, il souligne la capacité à moduler immédiatement le son, « passant d’un timbre velouté à un son plus acidulé ».

Lucas Debargue illumine les « clairs-obscurs » de Fauré

 

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Bonne année 2025! Récital unique de Lucas Debargue

Nos meilleurs vœux pour la nouvelle année et… une kyrielle de bon concerts!

L’année 2025 débute avec le récital d’un jeune pianiste français, nouvelle star des scènes internationales, que nous n’avions pas encore eu le bonheur de recevoir à La Chaux-de-Fonds. Ce sera chose faite le 21 janvier à 19h30!

« Depuis le passage de Glenn Gould à Moscou et la victoire de Van Cliburn au Concours Tchaïkovski en pleine guerre froide, un pianiste étranger n’avait jamais suscité pareille effervescence. »
Olivier Bellamy, Le HUFFINGTON POST

Lucas Debargue, révélé en 2015 lors du 15e Concours International Tchaïkovski, est aujourd’hui l’un des pianistes les plus demandés au monde. Seul candidat distingué par le Prix de l’Association de la Critique Musicale de Moscou, il est reconnu pour son talent unique et sa liberté créative. Depuis ses débuts marqués par la découverte de la musique à 10 ans et une rencontre décisive avec Rena Shereshevskaya (Alexandre Kantorow) en 2011, il s’est produit dans les plus grandes salles internationales, de Moscou à New York, en passant par Paris, Vienne, Tokyo et Shanghai.

Artiste au répertoire éclectique, il fait redécouvrir des compositeurs comme Szymanowski, Medtner ou Magin, tout en revisitant les classiques avec une énergie communicative et des influences variées issues de la littérature, de la peinture et du jazz. Sa collaboration avec Gidon Kremer et la Kremerata Baltica a donné naissance à des projets tels que son Concertino en 2017 ou un opéra en 2020. Parallèlement, il consacre une part importante de son temps à la composition, comptant déjà une vingtaine de pièces pour piano et musique de chambre.

Avec Sony Classical, il a enregistré cinq albums salués par la critique, dont Scarlatti : 52 Sonatas et un hommage à Miłosz Magin, montrant son attachement à un répertoire méconnu. Sa carrière est également immortalisée dans le documentaire « Lucas Debargue – Tout à la musique », retraçant son parcours au lendemain du Concours Tchaïkovski.
Son récent CD paru chez Sony Classical et consacré à l’intégrale de l’œuvre pour piano de Fauré a obtenu de nombreuses distinctions et fait l’unanimité de la critique. Lucas Debargue signera ses disques à l’issue du concert.

Au sujet de son programme:

MARDI 21 JANVIER 2025, 19H30
SALLE DE MUSIQUE

LUCAS DEBARGUE piano

GABRIEL FAURÉ 1845-1924
9 Préludes op. 103

LUDWIG VAN BEETHOVEN 1770-1827
Sonate pour piano n° 27 en mi mineur op. 90

FRÉDÉRIC CHOPIN 1810-1849
Scherzo n° 4 en mi majeur op. 54

GABRIEL FAURÉ
Thème et Variations en do dièse mineur op. 73

LUDWIG VAN BEETHOVEN
Sonate n° 14 en do dièse mineur op. 27 n° 2
« Sonate au Clair de Lune »

FRÉDÉRIC CHOPIN
Ballade n° 3 en la bémol majeur op. 47

Trois compositeurs d’une grande importance dans l’évolution de la musique pour piano sont à l’affiche de ce concert. De Beethoven, nous entendrons la célébrissime sonate quasi una fantasia, affublée du nom de Clair de lune, ainsi que la moins connue Sonate en mi mineur. Deux œuvres de Chopin très contrastées ainsi que des morceaux de Fauré nous permettront de plonger dans des styles très différents. Notons que le cycle des 9 Préludes de Fauré sera joué en entier, selon le désir du compositeur.

Ce concert a lieu à la Salle de musique, Av Léopold Robert 27, 2300 La Chaux-de-Fonds
Ce concert se fera avec entracte.

Programme complet ici

Programme de salle ici

Lucas Debargue signera ses disques!

Interview Diapason en vidéo ici

Concertos pour orgue de Bach

La musique de Johann Sebastian Bach fait partie de notre mémoire collective. Pourtant, le concert annuel d’orgue de la Société de Musique de La Chaux-de-Fonds suscite un vif intérêt avec un programme pour orgue et piano.

Jean-Luc Thellin et Sara Gerber présenteront trois concertos de Bach dans une adaptation originale qui mixe l’orgue et le piano, deux instruments de facture et de sonorité très différentes dans l’acoustique emblématique de la Salle de musique.

Les concertos de Bach

Ces concertos nous ramènent au début de l’histoire du concerto pour soliste, et en particulier du concerto pour clavier. Les instruments à clavier (orgue, clavecin, clavicorde, etc.) ont accompagné Bach tout au long de sa vie.

Pendant longtemps, les spécialistes de Bach ont schématiquement attribué la majeure partie de sa musique de chambre et d’ensemble aux années Köthen (1717-1723). Toutefois, des études récentes montrent que la plus grande partie de la musique instrumentale d’ensemble a été composée à Leipzig.

La période de Leipzig

Le 22 mai 1723, Bach s’installe à Leipzig pour occuper le poste de cantor de la Thomasschule (École Saint-Thomas) conjointement à celui de Director Musices de la ville. En 1729, il prend également la direction du Collegium Musicum, ce qui lui permet de donner des concerts avec de nombreux musiciens de qualité, dont ses fils.

  • Plusieurs concertos naissent à partir de l’année 1730, pendant la période de Leipzig :
  • Les sept concertos pour un seul clavecin (BWV 1052-1058).
  • Trois concertos pour deux clavecins (BWV 1060-1062).
  • Deux concertos pour trois clavecins (BWV 1063 et 1064).
  • Un concerto pour quatre clavecins (BWV 1065).

Caractéristiques des concertos

En connaissant le goût de Bach pour la forme concertante et pour la symbolique trinitaire, chaque concerto est construit en trois mouvements (deux mouvements vifs encadrant un mouvement lent).

Exemple : Le Concerto en do mineur, BWV 1060

Composé probablement en 1736, ce concerto pour deux clavecins avec l’accompagnement des cordes en trois mouvements : Allegro (do mineur), Adagio (mi bémol majeur) et Allegro (do mineur).

Le mélange de l’orgue et du piano donnera une sonorité intéressante à ce répertoire de concerto pour instrument(s) soliste(s) avec accompagnement. Comme le dit Glenn Gould (1932-1982), le piano est « le seul instrument, à part l’orgue, qui permette de simuler plus au moins un orchestre ». (Source: d’après les commentaies de Dr. Veneziela Naydenova)

Vous trouverez le programme détaillé du concert du 5 janvieer 2025 sous la rubrique Documentation

Haendel et l’orgue

Domenico Scarlatti (né en 1685), qui formait avec Bach et Haendel un grand triumvirat de compositeurs, s’avoua vaincu à l’orgue par Hændel, lors d’un concours d’interprétation organisé à Rome, à la fin de l’année 1708, tandis que le comte de Shaftesbury se souvint d’un événement survenu au cours des voyages de Hændel à travers l’Europe: «Dans une des grandes villes des Flandres, où il avait demandé la permission de jouer, l’organiste l’assista, ne sachant pas qui il était, et sembla frappé par le jeu de Mr Handell dès que celui-ci commença; mais lorsqu’il entendit Mr Handell entamer une fugue, il fut stupéfait, courut vers lui et, l’embrassant, dit: ‹Vous ne pouvez être que le grand Handell›.»

Cette réputation d’organiste virtuose éblouissant, sa double fonction de compositeur et d’impresario, ainsi que la présence d’un orchestre inoccupé entre les actes des oratorios conduisirent Hændel à concevoir le genre du concerto pour orgue.

Les possibilités de dialogue enjoué entre l’orgue et l’orchestre (illustrées par le deuxième mouvement de l’op.4 no2), mais aussi le fait que Hændel pouvait laisser libre cours à son imagination pour improviser d’extravagants passages solos, impliquèrent que le concerto pour orgue attira souvent le public davantage que l’oratorio lui-même. Lorsqu’il souhaitait relancer un oratorio en perte de popularité, Hændel s’assurait que le concerto pour orgue accompagnateur figurait particulièrement bien en vue sur les affiches.

Travaillant sous une pression extrême – il composait et répétait les oratorios, mais gérait aussi toute la saison –, Hændel comptait énormément sur ses talents d’improvisateur pour les concertos. Parfois, il donnait à l’orchestre un vieux morceau à jouer, qu’il embellissait au fur et à mesure à l’orgue ; de même, il laissait des mouvements entiers à improviser le moment venu. Vers la fin de sa vie, sa vue se détériora rapidement et il se reposa plus que jamais sur ses talents d’improvisateur, dictant généralement une esquisse des plus ténues à son copiste John Christopher Smith junior (dont le père, Johann Christoph Schmidt, avait quitté l’Allemagne pour suivre Haendel en Angleterre, au tout début du XVIIIe siècle).

Les instruments anglais pour lesquels Hændel écrivit ses concertos pour orgue, et dont il fut un zélateur si remarquable, étaient en réalité très différents des somptueux orgues allemands pour lesquels Bach composait alors ses grands Préludes, Toccatas et Fugues. L’orgue anglais, beaucoup plus petit, comprenait généralement un seul clavier (ou manuel), disposait de moins de jeux – il n’avait ni anches flamboyantes, ni mixtures étincelantes (jeux qui actionnent plusieurs tuyaux accordés différemment pour une seule note) –, et produisait un son nettement plus doux et mélodieux. Autant de caractéristiques qui le rendaient, en fait, idéal pour accompagner un chœur ou se marier à un orchestre, dans des rôles d’ensemble et de soliste – ce qui explique sans doute pourquoi le concerto pour orgue du XVIIIe siècle fut un genre exclusivement anglais. Les orgues anglais étaient dépourvus du pédalier complet et indépendant qui faisait partie intégrante de leurs équivalents allemands. De très rares instruments plus volumineux se targuèrent de quelques «pull-downs» – des registres du manuel joués par les pieds –, mais ils n’eurent jamais vraiment de succès. Le jour où un pédalier fut ajouté à l’orgue de St Paul’s Cathedral, en 1721, il se révéla si impopulaire qu’il tomba rapidement en désuétude.

Vers 1739, Hændel commença à placer des signes dynamiques dans les parties d’orgue de ses concertos (telle l’alternance rapide de forte et de piano pour créer des effets d’écho dans le deuxième mouvement de l’op.7 no4), et donc à écrire pour un orgue à deux manuels. Il est également manifeste qu’un pédalier dotait l’orgue de Lincoln’s Inn Fields en 1740, car Haendel spécifie l’usage des pédales dans l’op.7 no1. (Il ne répéta d’ailleurs jamais cette expérience, les pédales n’étant utilisées dans aucun autre concerto.) De même, Hændel ne donne qu’une seule fois (deuxième mouvement de l’op.4 no4) des instructions détaillées quant aux jeux que l’organiste devrait employer: principal 8′, bourdon 8′ et jeu de flûte (une sonorité fidèlement rendue ici mais indisponible sur la plupart des petits orgues de chambre).

Peu d’orgues anglais de l’époque hændelienne survivent aujourd’hui dans leur forme originelle. Toutefois, nous pouvons faire remonter l’histoire de l’orgue de St Lawrence, Whitchurch, à la lisière du domaine de Canons, au nord de Londres, à l’instrument que Gerard Smith construisit pour cette église du temps où Hændel était au service du duc de Chandos, lequel résidait au moins une partie de l’année à Canons.

Le premier corpus de six concertos pour orgue, appelé op.4, fut publié à Londres par John Walsh, le 4 octobre 1738.

L’op.4 nol en sol mineur fut joué pour la première fois lors de la première d’Alexander’s Feast, à Covent Garden, le 19 février 1736. (Source: extraits de Hyperion)

Concert d’orgue annuel – Bach et Händel orgue et piano avec Jean-Luc Thellin et Sara Gerber

✨Concert annuel d’orgue
✨Entrée libre, collecte

🎶 Concert du Nouvel-An ! 🎶
📅 Dimanche 5 janvier, 17h

📍 Salle de Musique, La Chaux-de-Fonds

🎹 JEAN-LUC THELLIN orgue
🎹 SARA GERBER piano

🎼JOHANN SEBASTIAN BACH 1685-1750
Concerto en ut mineur BWV 1060
Concerto en ut mineur BWV 1062
Concerto en ut majeur BWV 1061

🎼GEORG FRIEDRICH HAENDEL 1685-1759
Concerto en sol mineur op.4 no. 1 HWV 289

🕓 Introduction par François Lilienfeld à 16h15

🌟Le concert annuel d’orgue est un rendez-vous traditionnel avec entrée libre de la Société de Musique de La Chaux-de-Fonds dont la vocation est, d’une part, de mettre en valeur le magnifique instrument qu’est le grand orgue de la Salle de musique et, d’autre part, d’offrir un concert à notre cher public. Passez la porte et vous découvrirez un monde nouveau.

🌟Nous vous proposons un programme très original mariant orgue et piano pour l’interprétation des trois concertos que J.S. Bach a composés pour deux claviers. Jean-Luc Thellin, brillant concertiste international, ancien organiste titulaire de la Cathédrale de Chartres et nouveau titulaire du grand orgue de la Salle de musique, et Sara Gerber, pianiste et organiste de l’Église du Pasquart, mais que l’on entendra au piano pour cette occasion, nous feront découvrir ces magnifiques concertos sous un tout nouveau jour. Un programme Bach en ut, mineur et majeur, enrichi par une transcription pour piano.

🌟Le Concerto en ré, prévu initialement (4 concerti), est remplacé par le Concerto op. 4 no. 1 de Haendel. Le premier corpus de six concertos pour orgue, appelé op.4, fut publié à Londres par John Walsh, le 4 octobre 1738. L’op.4 nol en sol mineur fut joué pour la première fois lors de la première d’Alexander’s Feast, à Covent Garden, le 19 février 1736.

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Musique de chambre au sommet avec le concert du 15 décembre

L’Ensemble Brahms Berlin, composé exclusivement de musiciens à cordes issus des « Berliner », alias l’Orchestre Philharmonique de Berlin, place au centre de sa programmation le riche répertoire de musique de chambre de Brahms, leur illustre éponyme. Ce focus ne se limite pas aux œuvres pour cordes, mais inclut également des compositions avec piano ou le célèbre quintette pour clarinette.

De plus, les membres de l’ensemble établissent des liens entre la musique de Brahms et d’autres compositeurs tels que Wolfgang Amadeus Mozart, Franz Schubert, Felix Mendelssohn-Bartholdy ou Robert Schumann.

L’Ensemble participe chaque année aux concerts de musique de chambre de la Philharmonie de Berlin et se produit régulièrement lors des Festivals de Pâques des Berliner Philharmoniker à Baden-Baden.

Aux côtés de la virtuose américaine Claire Huangci, l’ensemble interprète les deux quintettes avec piano emblématiques de Schumann et Brahms. En complément de ce programme, ils jouent également l’unique mouvement de quatuor à cordes D 703 de Schubert, une œuvre tout aussi singulière.

CLAIRE HUANGCI piano (Prix Géza Anda)
Brahms Ensemble Berlin
(de l’Orchestre Philharmonique de Berlin)
RACHEL SCHMIDT violon
Raimar Orlovsky violon
Julia Gartemann alto
CHRISTOPH IGELBRINK violoncelle

JOHANNES BRAHMS 1833-1897
Quintette pour piano en fa mineur op. 34
FRANZ SCHUBERT 1797-1828
Quatuor à cordes n° 12 en ut mineur « Quartettsatz » D. 703
ROBERT SCHUMANN 1810-1856
Quintette avec piano en mi bémol majeur op. 44

Introduction par François Lilienfeld à 16h15

« If looking for characteristics of Huangci’s piano playing, one finds them in her superior focus, imaginative abilities, and the resulting poetry of her interpretation. » (Thomas Schacher, NZZ Neue Zürcher Zeitung)

L’année 2024 finit avec une lauréate du Prix international Gésa Anda. Ce concours suisse de renom a pour objectif de découvrir et de soutenir de jeunes pianistes talentueux du monde entier. Organisé tous les trois ans à Zürich, il est reconnu pour son exigence et la qualité de ses lauréats à qui il offre une plateforme pour lancer leur carrière internationale. La jeune pianiste américaine Claire Huangci, qui a aussi remporté le 2e Prix au prestigieux Concours ARD, s’associe au Brahms Ensemble Berlin, composé d’éminents membres de l’Orchestre Philharmonique de Berlin et pédagogues reconnus, pour un concert exceptionnel. Les grandes œuvres du répertoire allemand mettent en lumière l’excellence de cet ensemble de tradition accompagné pour la première fois par la jeune pianiste américaine. Ce concert est une exclusivité́ suisse.
Le Quartettsatz était probablement prévu comme mouvement initial d’un quatuor à cordes, qui – comme beaucoup d’œuvres de Schubert – resta inachevé. La combinaison du quatuor à cordes avec un piano était très appréciée par les compositeurs du XIXe siècle. Les pièces de Schumann et Brahms au programme font partie des sommets de ce genre. Ils émerveillent par leur richesse mélodique et par la maîtrise de l’équilibre délicat entre les cordes et le piano.
À découvrir pour la première fois à la Salle de musique dimanche 15 décembre à 17h

Focus sur la Passacaille et Fugue en do mineur BWV 582

Johann Sebastian Bach

Passacaille et thème fugué en ut mineur pour orgue BWV 582

Composition : inconnue (avant 1713). Durée : environ 13 minutes.

Après sa mort, en 1750, Johann Sebastian Bach a bien failli tomber dans un oubli presque complet : son langage savant était déjà passé de mode de son vivant, dès la décennie 1740, et ses propres fils illustraient par leurs œuvres un goût nouveau, fait de sensibilité à fleur de peau ou de style galant un peu superficiel. Bien que certaines œuvres, comme Le Clavier bien tempéré, n’aient jamais cessé d’être jouées par les clavecinistes et les pianistes, surtout à titre d’exercice, la musique de Bach a eu la chance d’être à plusieurs reprises « redécouverte » et remise à l’honneur. Citons par exemple Mozart déchiffrant les partitions de la collection du Baron van Swieten et introduisant dans sa musique une pensée contrapuntique nouvelle, Mendelssohn faisant découvrir au grand public berlinois la Passion selon saint Matthieu en dirigeant ce monument dans la grande salle de la Sing-Akademie en 1829, et, plus proche de nous, un supposé « retour à Bach » chez certains compositeurs des années 1920 en France, voulant se démarquer des sortilèges debussystes.

Cependant, chaque époque possède sa propre vision de la musique de Bach, et la découverte de ses réinterprétations, littérales ou librement inspirées, est un passionnant voyage esthétique.

Chef d’œuvre de Bach, la Passacaille et Fugue en ut mineur BWV 582 n’a pas d’équivalent, pas son ampleur, dans tout le répertoire pour orgue de son temps. Son thème immuable de huit mesures, d’une majestueuse grandeur, est une contrainte maximale engendrant le renouvellement constant des figures qui s’y superposent. Bach ménage des progressions dans les rythmes, les densités, les couleurs de l’orgue, allégeant la partie centrale (où le thème passe fugitivement dans l’aigu) pour mieux réintroduire ensuite toute la puissance d’une polyphonie allant jusqu’à cinq voix simultanées. Mais le couronnement de l’œuvre est constitué par la fugue finale (aucun autre compositeur n’avait encore songé à associer une passacaille et une fugue) prenant comme sujet les quatre premières mesures de la passacaille. Cette fugue peut donc être considérée comme une ultime variation, beaucoup plus vaste, où pour la première fois le discours va pouvoir moduler (au terme de quelque huit minutes d’ut mineur !). Après 20 variations strictes, l’invention de Bach y semple encore plus inépuisable.

Isabelle Rouard

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Julien Beautemps, ovni de la musique

Dimanche 8 décembre, 17h, nous aurons le bonheur d’assister au 3e volet de la série Nouveaux Talents avec le concert d’un jeune homme pas comme les autres, un orchestre à lui tout seul pour un concert découverte. Le programme de ce concert est à trouver ici.

L’accordéon offre une source infinie de timbres et couleurs et donne l’impression d’une véritable forêt d’instruments, un orchestre symphonique contenu dans une petite boîte de 15kg.

« Un ovni doté d’une maturité vraiment exceptionnelle. »
– Max Dozolme, France Musique

« Un serial transcripteur que rien n’arrête. »
– Rémy Louis, Diapason

« Julien Beautemps n’a pas attendu pour faire parler de lui, notamment grâce à une douzaine de prix internationaux, et à la faveur d’une boulimique activité de chambriste et d’arrangeur. »
– Benoît Fauchet, Diapason

« Je vous l’avais dit : ce mec est un génie ! »
– Clément Rochefort, France Musique

Julien Beautemps, né en 2000 à Grenoble, est un musicien reconnu pour « son intelligence musicale », récompensé en 2023 par le Prix Jeune Soliste des Médias Francophones Publics et soutenu par la Fondation l’Or du Rhin et la Banque Populaire. Diplômé du Conservatoire de Paris (CNSMDP) en interprétation et musique de chambre, il poursuit actuellement un Diplôme d’Artiste Interprète ainsi qu’un Master Soliste à l’HEMU de Lausanne. Julien a remporté plusieurs prix dans des concours internationaux, dont le 2e Grand Prix Musical Lauredia 2023 et le 1er Prix du Concours International PIF Castelfidardo 2021. Il collabore avec des artistes renommés tels que Gautier Capuçon et Eléonore Pancrazi, et est régulièrement invité sur France Musique. En 2022, il a lancé son premier album solo Mechanics sous le label Nügo, et continue d’innover en tant qu’arrangeur, revisitant des œuvres classiques pour ses ensembles, notamment le Duo Argos et l’ensemble Méliphages. Julien est également compositeur, avec des œuvres telles que Mechanics et sa Sonate pour la Résurrection.

L’accordéon se trouve sous ses formes les plus diverses dans un très grand nombre de cultures. Mais on s’attend moins à l’entendre dans des concerts classiques. Or, notre soliste d’aujourd’hui nous prouve que son instrument a bien sa place dans la prestigieuse Salle de musique. Il nous présentera des arrangements, mais aussi des compositions originales.

https://www.radiofrance.fr/francemusique/julien-beautemps-accordeoniste-laureat-du-prix-jeune-soliste-2023-des-medias-francophones-publics-9998625

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