Filmer la musique et « Ménage à quatre, le Quatuor Arod », projection et entretien avec le cinéaste français Bruno Monsaingeon en présence du Quatuor Arod 🙂 – modération: Yvan Cuche.
» De joyeux esprits exécutent des danses légères au son d’une harmonie aérienne. ….. Vois leurs pieds agiles, écoute leur douce musique. » Walter Scott
La musique de LaDanse des lutins d’Henriette Renié évoque à la fois son titre, et les quelques vers de Walter Scott dont elle est inspirée. La danse légère est présente tout au long de la pièce. Elle est évoquée par le mouvement de la main gauche (comme sur une partie de piano, la main gauche joue majoritairement la portée du bas), qui marque tous les premiers temps de cette danse virevoltante à 3 temps très rapides.
La musique du 2ème couplet est assez surprenante : il s’agit d’un moment suspensif à caractère religieux, qui évoque le choral. La Danse des lutins n’est pas la seule œuvre d’Henriette Renié à faire entendre un moment suspendu de ce type, où le discours virtuose s’interrompt l’espace d’un instant. Henriette Renié n’a pas d’affinités personnelle avec l’univers protestant du choral, elle l’utilise pour des raisons purement musicales, comme un moyen de fort contraste d’une part, et comme un outil puissamment évocateur d’un religieux ancien et presque légendaire. Cette religiosité est un des ressorts clés des légendes fantastiques qu’elle affectionne : pas de roman écossais avec elfes et lutins des landes sans château hanté ou sans église en ruine dans les brumes du paysage ! Walter Scott lui-même a été enterré dans un lieu digne de ses romans, les ruines de l’abbaye de Dryburgh.
« Les pieds agiles » des esprits ne sont pas que ceux des lutins danseurs : ce sont aussi ceux du harpiste ! Une facétie de la compositrice ?
Avec une harpe à pédales, les altérations qui permettent de hausser et baisser les sons (♭,♮ , #), se font justement avec les pédales et donc des pieds agiles : à chaque changement d’altération correspond un mouvement de pied. Dans La Danse des lutins, il y a environ 250 changements de pédales pour 3 minutes et quelques de musique, c’est-à-dire plus d’une pédale à changer par seconde. La pièce met donc en œuvre une virtuosité pédestre autant que digitale. Une grande partie des pédales sont indiquées en toutes lettres sur la partition, on les change souvent par 2, pied droit (si do ou ré) et pied gauche (mi fa sol ou la) en même temps. (Source: Philharmonie de Paris)
À entendre et à voir le 23 mars à la Salle de musique !
En marge des concerts, la Salle de musique attire les grandes maisons de disques pour des enregistrements. Les années 1970-1980 voient défiler le Quartetto Italiano, le Beaux Arts Trio, Martha Argerich, Gidon Kremer, I Musici, Murray Perahia… (Le Temps, 26.02.23.)
Gidon Kremer signera une sélection de disques à l’issue de son concert du 14 mars 2025!
Disparu en octobre 2019, connu principalement pour ses symphonies et ses merveilleuses partitions orchestrales et vocales, Kancheli brille aussi dans le registre plus intime de la musique de chambre.
Le catalogue du Géorgien Giya Kancheli se décline en trois registres principaux : la musique composée pour accompagner le cinéma et le théâtre, la musique dite sérieuse et enfin une musique légère, issue du premier groupe, dont le succès international fut une réelle surprise par sa diffusion et son impact sur des publics fort différents.
Le cas du Trio Middelheim pour violon, violoncelle et piano se distingue sensiblement des Miniatures. Il date de la fin de la vie de Kancheli marquée par de sévères problèmes de santé notamment au niveau cardiaque. Plusieurs hospitalisations et un arrêt cardiaque dont il réchappa de justesse à l’hiver 2016, grâce aux médecins de l’hôpital Middelheim à Anvers, l’incitèrent à manifester sa profonde reconnaissance en élaborant ce Trio qui ne vit le jour qu’en 2021 dans sa ville natale de Tbilissi. Une version antérieure pour trio et orchestre à cordes avait été présentée au public en 2018, quelques mois avant sa disparition.
Kancheli bâtit sa musique comme souvent, sur l’élaboration de dualités forte-piano d’une part et cris de révolte- élans lyriques touchants de l’autre. Middelheim ne déroge pas à ce schéma et charme, à l’écoute, par la perception d’une authenticité caractéristique de l’homme et de son œuvre. Source : Resmusica
Formé à Leipzig, Edvard Grieg élabore son langage musical d’après la tradition romantique allemande. Au fil du temps, il développe un sens de l’identité nationale et un désir croissant de créer un style typiquement norvégien. En 1866, Grieg s’installe à Christiana (aujourd’hui Oslo), prend la direction de la Société philharmonique et projette la fondation de l’Académie norvégienne de musique, qui ouvre ses portes le 14 janvier 1867. Le 11 juin 1867, il se marie avec Nina Hagerup et, en juillet, il achève la Sonate pour violon et piano n° 2 en sol majeur, son opus 13. Dédiée à son ami le violoniste et compositeur norvégien Johan Svendsen (1840-1911), elle est créée le 16 novembre 1867 à Christiana par Gudbrand Böhn au violon et le compositeur au piano, puis publiée chez Breitkopf & Härtel à Leipzig.
Cette sonate était connue des premiers interprètes comme la « sonate de danses » de Grieg. Dans le premier mouvement de style rhapsodique, une introduction, en sol mineur, Lento doloroso, et une Coda, Presto, encadrent la forme sonate, Allegro vivace, forme construite sur trois thèmes : le premier, en sol majeur, au caractère très dansant, le second, en si mineur, plutôt chantant et mélancolique, le troisième, en ré majeur, à nouveau dansant. Dans le deuxième mouvement, Allegretto tranquillo, en forme tripartite ABA, la partie A en mi mineur est élégiaque et la partie centrale en mi majeur, dolce, dont la mélodie sera réutilisée par Grieg vingt ans plus tard dans la Romanza de la Sonate no 3. Le troisième mouvement, Allegro animato, commence avec une promesse de danse, mais l’énergie se perd dans des thèmes chantants.
Le concert du 14 mars 2025 se terminera par le second trio de Sergeï Rachmaninov, le dernier grand repré- sentant du romantisme russe. Bien qu’écrits avant que le compositeur n’atteigne l’âge de 21 ans, les deux trios pour piano, violon et violoncelle, dotés d’une expressivité nostalgique, sont des œuvres tout à fait caractéristiques de son style. En 1873, à la mort de P. I. Tchaïkovski, qui fut son modèle et son mentor, le jeune Rachmaninov entame la composition de son Trio élégiaque n° 2 en ré mineur, op. 9. La dédicace « À la mémoire d’un grand artiste » fait allusion au Trio pour piano, op. 50, de Tchaïkovski, qui portait la même dédicace en hommage à son ami, le pianiste Nikolaï Rubinstein. De plus, Rachmaninov a emprunté au trio de Tchaïkovski le nom « élégiaque », les thèmes et le plan d’ensemble (trois mouvements, dont le premier est Moderato, le deuxième, thème et variations, et le troisième, un court mouvement final). Il a également conçu le deuxième mouvement, composé d’un thème et huit variations, sur un thème Andante en fa majeur, présenté au clavier, qui évoque le motif principal de sa Fantaisie pour l’orchestre « Le Rocher », l’op. 7, dont Tchaïkovski avait promis de diriger la création fixée le 30 novembre 1873. Tout cela témoigne finalement de la profondeur de son chagrin. Achevé en 1894, le Trio est créé le 31 janvier 1894 à Moscou par Jules Conus, Anatoli Brandoukov et le compositeur au clavier, qui était l’un des meilleurs pianistes de son temps. Le Trio est publié la même année par Gutheim à Moscou, mais cette version ne satisfait pas Rachmaninov, qui le révise en 1907, puis en 1917, dans sa quête de perfection. Texte; Dr. Veneziela Naydenova
Pédagogue, ethnomusicologue et infatigable organisateur de la vie musicale, Zoltán Kodály jouit en Hongrie d’une reconnaissance immense, bien que sa notoriété ait eu plus de mal à franchir les frontières du pays. Plusieurs facteurs expliquent cette relative méconnaissance : la barrière de la langue hongroise, essentielle dans son œuvre essentiellement vocale, le style plus restreint de Kodály par rapport à son ami Béla Bartók, ainsi que la récupération politique de son œuvre par le régime communiste après la guerre. Bien qu’opposé au pouvoir en place, Kodály fut malgré lui érigé en figure officielle, entouré d’une école de suiveurs qui contribuèrent à figer son image.
Pourtant, réduire Kodály à un compositeur académique et folklorique serait une erreur. Son génie créatif transparaît notamment dans son répertoire de musique de chambre, qui, au moment de la Première Guerre mondiale, lui valut une renommée internationale. Si ses sonates pour violoncelle, instrument qu’il chérissait particulièrement, sont souvent considérées comme son sommet, la Sérénade op. 12 (1920) vient clore cette période avec une originalité qui impressionna profondément Bartók. (Source: Philharmonie de Paris)
Vilde Frang en concert exclusif en Suisse – Une première escale exceptionnelle
Le mardi 18 février 2025 à 19h30, la Salle de Musique de La Chaux-de-Fonds accueillera un concert unique en Suisse, marquant la première escale d’une tournée européenne de trois dates. L’exceptionnelle violoniste Vilde Frang, figure incontournable de la scène internationale, sera accompagnée de Valeriy Sokolov et Lawrence Power pour une soirée de musique de chambre hors du commun.
Révélée très jeune par Mariss Jansons, Vilde Frang s’est imposée comme l’une des violonistes les plus marquantes de sa génération, alliant virtuosité, profondeur et sensibilité. Elle partagera la scène avec Valeriy Sokolov, violoniste ukrainien au jeu intense et expressif, lauréat du Concours George Enescu, et Lawrence Power, altiste britannique reconnu pour sa musicalité et son engagement.
Le trio proposera un programme inédit, mêlant des œuvres rares et magistrales : Eugène Ysaÿe – Sonate pour deux violons en la mineur
Bjarne Brustad – Capricci pour violon et alto
Zoltán Kodály – Sérénade pour deux violons et alto, op. 12
Ce concert mettra en lumière trois compositeurs passionnés par la transmission et la pédagogie musicale. Eugène Ysaÿe, immense violoniste et pédagogue, a marqué des générations d’artistes. Bjarne Brustad, compositeur norvégien, a su mêler néo-classicisme et modernité, tandis que Zoltán Kodály, amoureux du folklore hongrois, a enrichi la musique de chambre avec des harmonies inspirées des traditions populaires.
Un événement à ne pas manquer, qui sera enregistré par RTS Espace 2 pour une diffusion ultérieure.
PRESSEMITTEILUNG
La Chaux-de-Fonds, Februar 2025
Vilde Frang in einem exklusiven Konzert in der Schweiz – Ein herausragender Tourneeauftakt
Am Dienstag, den 18. Februar 2025, um 19:30 Uhr empfängt die Salle de Musique in La Chaux-de-Fonds ein einzigartiges Konzert in der Schweiz. Dieses Konzert markiert den Auftakt einer dreiteiligen Europatournee und bringt drei aussergewöhnliche Musiker*innen zusammen: Die herausragende Geigerin Vilde Frang, eine der bedeutendsten Persönlichkeiten der internationalen Musikszene, tritt gemeinsam mit Valeriy Sokolov und Lawrence Power auf und verspricht einen Kammermusikabend der Extraklasse.
Schon in jungen Jahren von Mariss Jansons entdeckt, hat sich Vilde Frang als eine der faszinierendsten Geigerinnen ihrer Generation etabliert – mit einer unverwechselbaren Mischung aus Virtuosität, Tiefe und Sensibilität. An ihrer Seite stehen der ausdrucksstarke ukrainische Geiger Valeriy Sokolov, Gewinner des George-Enescu-Wettbewerbs, sowie der britische Bratschist Lawrence Power, bekannt für seine Musikalität und sein künstlerisches Engagement.
Das Trio präsentiert ein aussergewöhnliches Programm mit selten gespielten, aber meisterhaften Werken:
Eugène Ysaÿe – Sonate für zwei Violinen in a-Moll
Bjarne Brustad – Capriccio für Violine und Viola
Zoltán Kodály – Serenade für zwei Violinen und Viola, op. 12
Drei Komponisten stehen im Mittelpunkt dieses Abends – alle drei waren von der musikalischen Pädagogik und der Weitergabe ihrer Kunst fasziniert. Eugène Ysaÿe, selbst ein legendärer Violinist und Lehrer, beeinflusste Generationen von Musiker*innen. Bjarne Brustad, ein norwegischer Komponist, verband Neoklassizismus mit modernen Klängen, während Zoltán Kodály, ein leidenschaftlicher Bewahrer ungarischer Folklore, mit seiner Musik die Kammermusiktradition bereicherte.
Ein musikalisches Ereignis, das von RTS Espace 2 aufgezeichnet und später ausgestrahlt wird.
Salle de Musique, Av. Léopold-Robert 27-29, La Chaux-de-Fonds
14 ans avant le jeune Schönberg, le compositeur de 21 ans Richard Strauss était lui aussi en quête de nouvelles formes d’expression pour une poésie contemporaine, tournée vers le tournant du siècle. Comme on pouvait s’y attendre d’un génie apollinien de son envergure, il ne débuta pas sa production de Lieder par des chants poétiques et discrets, à la manière de Schönberg, mais avec un coup de maître. Il est rare qu’un compositeur ait présenté un premier recueil de Lieder aussi durablement couronné de succès que Strauss avec son Opus 10.
Entre août et octobre 1885, il mit en musique huit poèmes du poète à la mode Hermann von Gilm, à Munich, Steinach et Meiningen. Toujours en phase avec l’esprit de son temps, Strauss ne s’interrogea guère sur la qualité poétique de ces textes, mais il permit à Gilm d’accéder à l’immortalité par le biais de la musique, du moins à travers les poèmes Zueignung et Allerseelen.
Concernant les œuvres de l’Opus 10, Werner Oehlmann écrivait : « Que les poèmes, issus du recueil Letzte Blätter (Dernières Feuilles) de Heinrich von Gilm, avec leur mélange de ferveur, de méditation et de sentimentalité, soient aujourd’hui considérés comme dépassés, la musique vive et puissante du jeune génie les a élevés au-dessus de leur époque et leur a permis de perdurer. Zueignung, un prélude enthousiaste, contient des éléments typiquement straussiens : un sentiment franc et inébranlable, un do majeur élémentaire et peu chromatisé, une mélodie souple et liée au texte, projetée avec exubérance vers le sommet : « Und beschworst darin die Bösen, daß ich, was ich nie gewesen, heilig, heilig ans Herz dir sank. » (Et tu as conjuré les mauvais esprits, afin que je devienne saint, moi qui ne l’avais jamais été, et que je tombe sacré contre ton cœur.) Les trois occurrences de « Habe Dank » (Reçois mes remerciements), d’abord contenues en un petit intervalle de tierce, puis éclatant avec enthousiasme en un saut de sixte majeur (sol-mi), figurent parmi ces mots ailés que la musique du tournant du siècle a produits.
Nichts (« Nennen soll ich, sagt ihr, meine Königin ? » – « Dois-je la nommer, dites-vous, ma reine ? ») est léger et élégant dans sa formulation. Die Zeitlose (« Auf frisch gemähtem Weideplatz » – « Sur un pré fraîchement fauché »), un arioso sobre et sérieux, déclamé avec expressivité.
Allerseelen (« Stell auf den Tisch die duftenden Reseden » – « Mets sur la table les résédas odorants ») est l’un des Lieder les plus chantés de Strauss ; on peut admirer comment la clarté et la spontanéité de la diction musicale transcendent la sentimentalité du texte et placent cette scène empreinte de souvenirs à une distance objectivante. » (Source: traduit en français de Kammermusiführer).
—-> à écouter en concert dimanche 9 février à 17h dans la série Nouveaux Talents: