Traduction d’une interview avec Julie Fuchs
La soprano française Julie Fuchs enchante les publics d’opéra à travers l’Europe avec un répertoire varié, allant du baroque au contemporain. Elle fait actuellement ses débuts américains dans le rôle-titre de Partenope de Händel à l’Opéra de San Francisco. Chanteuse depuis toujours, Fuchs a débuté sa formation musicale à Avignon avant de poursuivre ses études au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Artiste très sollicitée pour des récitals et enregistrements, Fuchs milite pour rendre l’opéra accessible à tous. En 2018, elle a lancé une initiative sur les réseaux sociaux, Operaisopen, comprenant des publications, des vidéos, des interviews et des concours, dans le but de promouvoir l’idée que l’opéra est ouvert à tous.
Lors de sa dernière saison, Fuchs a interprété Norina dans Don Pasquale à l’Opéra National de Paris, avant d’incarner Gilda dans Rigoletto de Verdi au Teatro Real de Madrid.
Spécialiste de l’opéra baroque, Fuchs excelle dans cet univers artistique caractéristique des débuts de l’opéra, où musique, théâtre, mise en scène et costumes s’entrelacent harmonieusement. C’était une époque où les récits étaient portés par la musique, souvent accompagnés de décors charmants et d’une ornementation musicale complexe, avec de nombreux trilles. Partenope, écrit par Händel en 1730, en plein milieu de sa carrière, regorge des tropes typiques de l’opéra baroque : déguisements de genre, tourments amoureux, tromperies, et une multitude de prétendants courtisant un amour capricieux — ici, la reine de Naples. Cela rappelle Shakespeare, lui-même un maître conteur de l’ère baroque. Ajoutez une dose d’humour déjanté et vous obtenez le dernier rôle phare de Fuchs.
OperaWire a rencontré cette soprano bel canto très occupée lors des répétitions de Partenope et a appris quelques détails supplémentaires sur cette étoile montante.
OperaWire : Qu’est-ce qui continue de vous défier et de vous intriguer dans la musique vocale baroque ?
Julie Fuchs : La musique baroque offre une grande liberté aux interprètes, et chaque rôle, chef d’orchestre ou équipe avec lesquels je travaille m’apporte de nouveaux défis et enrichit ma connaissance de ce répertoire. J’aime explorer de nouvelles interprétations et écrire mes propres variations vocales pour chaque aria. Pour Partenope ici à San Francisco, j’explore également un nouveau rôle et un personnage si amusant à jouer !
OperaWire : Parlez-nous des charmes particuliers que Händel exerce sur vous. Devez-vous vous préparer d’une certaine manière pour aborder le répertoire de cette période, comme les arias ou les récitatifs ?
JF : J’ai eu la chance de travailler avec de grands chefs spécialisés dans cette musique, comme Emmanuelle Haïm pour Cléopâtre et Marc Minkowski pour La Folie dans Platée. Ils m’ont beaucoup appris sur ce style. D’un point de vue technique vocal, comme pour n’importe quel rôle, je le chante avec ma propre voix sans chercher à l’adapter à un moule particulier. Pendant mes cours, je travaille sur les défis que le rôle peut poser, comme les passages en colorature ou les grands sauts d’intervalle — Partenope en compte beaucoup !
Händel a écrit tant de mélodies magnifiques. Elles sont bien construites mais aussi très accrocheuses, faciles à retenir même dès une première écoute. Cela demande un talent immense ! Sa manière de traduire les émotions par sa musique est extraordinaire : qu’il s’agisse de chagrin, de colère ou d’amour, il parvient toujours à capturer l’essence des sentiments.
Julie Fuchs interprètera un air de PARTENOPE de Händel le mercredi 27 novembre à la Salle de musique de La Chaux-de-Fonds.