Le violoncelliste Jean-Guihen Queyras aborde la musique comme il vit : avec curiosité, gourmandise, sans cesse émerveillé (…) Après 20 ans de complicité, il se dit toujours aussi « fasciné par la capacité d’Alexandre Tharaud d’être en accord total avec lui-même. Ce qui lui permet de faire des choses exceptionnelles. Dans la vie comme dans la musique, il n’essaie pas d’être autre chose que ce qu’il est ». (…)
Jean-Guihen Queyras a répondu aux questions de Catherine Favre pour l’édition d’Arcinfo du 10 avril. Extrait :
Quel est votre essentiel à l’intention des jeunes musiciens ? « J’ai un immense respect pour les jeunes qui se lancent maintenant. La scène musicale est beaucoup plus dure qu’il y a 20 ou 30 ans et le public est plus volatil. Je les encourage d’abord à aller chercher leur propre amour de la musique, ce qu’ils aiment profondément dans telle ou telle oeuvre de façon à pouvoir proposer quelque chose de personnel. Je crois que c’est cela sinon le garant du moins le vecteur possible qui leur permettra de trouver leur place dans le milieu musical. Il faut que les gens se disent : « Ce musicien-là nous amène quelque chose de bien à lui, on a besoin de lui ou d’elle ».
Concert lundi 16 avril à 20h15 à la Salle de musique Infos détaillées
Mardi 10 avril, vous pourrez savourer votre café du matin en lisant dans Arcinfo l’interview par Catherine Favre de Jean-Guihen Queyras.
Le grand violoncelliste sera en concert lundi 16 avril, en bonne compagnie, celle du magnifique pianiste Alexandre Tharaud. Les deux musiciens viennent de signer chez Erato un disque consacré à Brahms. Extrait.
Découvrez la critique du concert du 11 mars sur le site de ResMusica par Jacques Schmitt.
Gautier Capuçon, violoncelle et le Geneva Camerata sous la direction de David Greilsammer.
Grande récitaliste et spécialiste du lied, Nathalie Stutzmann compte parmi les personnalités musicales les plus marquantes de notre époque. Elle est l’une des rares authentiques voix de contralto mais également l’une des grandes révélations de ces dernières années en tant que chef d’orchestre. Nathalie Stutzmann a aussi une formation de pianiste et bassoniste. Récemment nommée Chef Principal du Kristiansand Symfoniorkester en Norvège dès la saison 2018/2019 et Chef Principal Invité du RTÉ National Symphony Orchestra of Ireland de Dublin. Artiste Associé Principal de l’Orquestra Sinfônica do Estado de São Paulo, elle est aussi Fondatrice et Directrice Musicale d’Orfeo 55. Son nouvel album d’airs italiens, «Quella Fiamma», est sorti le 27 octobre 2017 sous Warner Classics / Erato.
Les inégalités de traitement entre les genres et la sous-représentation des femmes dans certains métiers dont les arts de la scène notamment sont des sujets d’actualité. Vous êtes cheffe d’orchestre, un métier dominé par les hommes il n’y a pas si longtemps encore. Comment voyez-vous la place de la femme dans ce métier et que vous apporte cette activité en plus du chant ? Quand j’étais adolescente, j’étais pianiste, bassoniste, violoncelliste et en classe de direction d’orchestre. J’ai toujours aimé la direction d’orchestre. J’étais la seule jeune femme dans la classe et le professeur était odieux avec moi. Il ne me laissait jamais le bâton et j’ai vite compris que je n’avais aucun avenir comme cheffe à cette époque. Heureusement, on a découvert ma voix et ma carrière de chanteuse est apparue comme une évidence. J’ai toutefois toujours gardé la direction d’orchestre dans un coin de ma tête. Puis il y à cinq ou six ans, je me suis lancée, d’abord parce que j’ai été encouragée par deux mentors extraordinaires, Seiji Ozawa et Sir Simon Rattle, et que j’ai compris qu’il y avait un courant, qu’il y avait quelques opportunités pour les femmes. On est dans une mouvance où l’on parle de la place de la femme – un grand article paru le mois dernier dans Diapason traite justement de ce sujet «Femmes et cheffes d’orchestre. Comment elles sont en train de gagner le combat». On en parle, c’est une bonne chose, mais maintenant qu’on en parle, on a presque l’impression qu’on est envahi de femmes cheffes et qu’il faudrait arrêter d’en parler, ce qui est agaçant, parce que ce n’est pas le cas. Les chiffres démontrent que les femmes cheffes sont minoritaires et qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire. Ma démarche a été avant tout artistique. J’ai toujours eu ce rêve et j’ai toujours pensé que j’avais une certaine aptitude pour cela. C’était un rêve de musicienne. Quand Ozawa et Rattle vous disent que vous êtes faite pour cela, vous foncez. Je ne suis pas trop souvent confrontée aux problèmes de genres, même si j’ai eu quelques histoires avec certains orchestres. Cela dépend des pays. On peut dire qu’en Suisse et en France, on est très en retard, alors qu’en Scandinavie et aux Etats-Unis il y a énormément de femmes cheffes invitées sur les plus grandes scènes et par les plus grands orchestres.
Pourquoi avoir créé votre propre orchestre ? Cela s’est fait en parallèle et n’a rien à voir avec ma carrière de cheffe. En tant que cheffe, mon répertoire se compose du grand romantique allemand, Tannhäuser, j’ai un répertoire romantique et post romantique. En tant qu’alto, il existe un répertoire extraordinaire dans la période baroque que j’ai très peu chanté. J’ai beaucoup chanté la période romantique, Schubert – j’ai d’ailleurs enregistré un grand cycle de lieder de Schubert à La Chaux-de-Fonds, avec grand plaisir – j’ai eu envie d’explorer ce répertoire avec un groupe de musiciens qui seraient les miens, afin qu’il y ait un travail suivi, que je puisse préparer en tant que cheffe d’orchestre et surtout réaliser un pari un peu fou qui est celui de chanter et de diriger en même temps. Quand j’ai créé Orfeo personne ne faisait cela, maintenant plein de gens me copient, donc cela m’amuse. Là encore ma démarche est musicale. Cela me permet de maîtriser une œuvre de la première à la dernière note. Tout le monde m’a dit que ce serait impossible, mais cela fonctionne très bien et cela plaît. Cela donne une proximité et une modernité à ce répertoire qui est justement très intéressant pour le public.
C’est très impressionnant de vous voir diriger puis de vous voir vous retourner et de chanter. Est-ce que cet exercice relève de l’équilibrisme ? Un petit peu, sans doute. Les difficultés, je m’en arrange. C’est ma mentalité. Un journaliste m’a qualifiée «d’ogresse funambule», je trouve que cela me va plutôt bien. Bien sûr, c’est un exploit physique et mental. Mais je ne l’ai jamais conçu dans ce sens là et j’espère que les gens ne le vivent pas comme une démonstration. Pour moi c’est une recherche artistique.
Vous avez une vraie voix de contralto, ce qui est rare. Je me souviens vous avoir entendue à La Chaux-de-Fonds et d’entendre les conversations de spectatrices à la pause, surprises pour ne pas dire plus de votre voix. Une voix qui mûrit avec l’âge. Est-ce que cette voix a toujours été votre amie et comment la travaillez-vous ? J’ai toujours eu une voix grave, sonore, différente, une voix que l’on remarque, même enfant. Quand j’étais adolescente et qu’on a identifié ma voix comme étant une voix de contralto, je ne savais pas ce que cela allait donner. C’était presque comme une punition. Mais qu’est-ce qu’une voix de contralto ? Grâce aux disques de Kathleen Ferrier, j’ai pu identifier cette voix et tomber en amour avec elle. La voix d’alto est à la fois solide et fragile. Elle se travaille avec précaution et comme toutes les voix graves, elle se développe lentement. J’ai été très patiente et j’ai été très bien conseillée. Je n’ai jamais eu de problème avec ma voix, contrairement à d’autres chanteuses, je n’ai pas eu besoin d’opérations. Ma voix est très solide. C’est mon premier moyen d’expression et j’espère pouvoir chanter encore longtemps, même si ma carrière de cheffe d’orchestre a pris de la place.
Dans le cadre de la 125e saison de la Société de Musique de La Chaux-de-Fonds, vous vous produirez encore le 20 mars avec Orfeo 55 dans un programme mêlant des œuvres instrumentales et extraits d’opéras de Vivaldi à des Danses Françaises de Rameau et Lully. Quelle relation avez-vous avec ces œuvres baroques ? La relation s’est créée de par le répertoire. Quand on a une voix rare et que les compositeurs écrivent peu pour votre voix, c’est extraordinaire de constater qu’un compositeur a écrit un grand répertoire pour votre voix. Vivaldi a écrit beaucoup d’œuvres pour les voix d’alto qu’il adorait. En faisant des recherches, j’ai lu qu’il avait écrit pour des voix de castrats qui étaient à la mode à l’époque, mais son amour secret était les voix d’alto. Il était d’ailleurs très amoureux d’une contralto. Il a aussi composé des airs de musique sacrée pour les jeunes filles de l’Ospedale della Pietà. C’est comme lorsque vous rentrez dans un magasin et que tous les vêtements qui vous plaisent vous vont. Vous pouvez chanter tous les airs qui vous plaisent. J’ai fait beaucoup de recherches et j’ai beaucoup creusé. Vivaldi avait un talent fou pour la mélodie. C’était un compositeur populaire mais dans le bon sens. Sa musique est abordable. Des personnes n’étant pas habituées à la musique m’ont entendue en concert dans ce répertoire et m’ont dit avoir été étonnées car elles se sont presque senties à un concert de rock. Cela permet à un public plus large d’apprécier la musique classique et de stopper les idées rigides que l’on peut avoir lorsqu’on n’est pas habitué au concert de musique classique.
Propos recueillis par la Société de Musique de La Chaux-de-Fonds.
La RTS, dans son émission « Ici la Suisse », nous plonge dans l’univers magique de la Salle de musique. Embarquez pour 6 minutes de plaisir avec le journaliste Simon Corthay à la rencontre du pianiste Francesco Piemontesi, du violoniste Renaud Capuçon et de Pascal Schmocker, régisseur de la Salle de musique.
Francesco Piemontesi a offert au public, lors de la soirée officielle du 125e anniversaire de la Société de Musique le 18 février dernier, un récital exceptionnel composé des trois dernières Sonates pour piano de Schubert. Renaud Capuçon, quant à lui, s’est brillamment illustré le 28 janvier dans trois Concertos de Mozart, ponctués de Gymnopédies de Satie, aux côtés de la Camerata Salzburg, devant une salle comble. Dimanche dernier, c’était au tour de son frère le violoncelliste Gautier Capuçon, de faire salle comble et de livrer une interprétation magistrale du Concerto d’Elgar avec le Geneva Camerata, dirigé par David Greilsammer.
Nathalie Stutzmann s’est confiée à Dominique Bosshard dans l’édition d’Arcinfo du 13 mars. Voici quelques extraits choisis : Les auditeurs de la Société de Musique vous découvriront à la tête de votre ensemble Orfeo 55. Quelles étaient vos ambitions quand vous l’avez créé ? Tout d’abord, j’avais l’ambition de faire quelque chose qui n’avait jamais été fait auparavant. A savoir, chanter et diriger en même temps. Aujourd’hui, beaucoup de gens me copient, c’est bon signe (rire)! (…) Les femmes chef d’orchestre sont-elles pleinement acceptées aujourd’hui ? Les choses ont évolué, j’ai senti qu’elles s’amélioraient depuis quatre ou cinq ans. Cela reste difficile, mais le vent tourne, des opportunités se présentent. On commence à admettre que cette fonction peut être assumée par des femmes, et de manière brillante. (…) Quels sont vos souhaits pour les années à venir ? J’espère chanter le plus longtemps possible, car le chant a toujours été ma deuxième passion. Mais mon futur, c’est la direction d’orchestre. Il y a des milliards d’œuvres que j’ai envie de diriger (rire)! (…)
Le concert du Geneva Camerata, direction David Greilsammer, avec le violoncelliste Gautier Capuçon attire les foules et s’annonce complet. Il vous est néanmoins possible de tenter votre chance en venant directement à la Salle de musique peu avant le concert. Certaines places se libèrent à la dernière minute. Infos détaillées
Après le concert de dimanche, vous attendent encore trois concerts Grande Série :
Le 20 mars, la célèbre contralto Nathalie Stutzmann chantera et dirigera son orchestre Orfeo 55 dans un programme printanier et dansant. Nathalie Stutzmann signera ses disques (actualité discographique : Quella Fiamma, chez Erato / Warner). Infos détaillées
Le 16 avril, un duo d’excellence avec le pianiste Alexandre Tharaud et le violoncelliste Jean-Guihen Queyras. Les interprètes signeront leurs disques (actualité discographique : Brahms, Sonates pour violoncelle et piano, au programme du concert du 16 avril, Danses hongroises, chez Erato / Warner). Infos détaillées
Le 4 mai, récital du jeune pianiste sud-coréen Seong-Jin Cho, vainqueur du dernier Concours Chopin en 2015 à Varsovie, la même compétition qui lança les carrières mondiales de pianistes tel que Martha Argerich, Maurizio Pollini et Krystian Zimerman. Seong-Jin Cho signera ses disques (actualité discographique : Debussy, Images – Livre d’Images n° 2 au programme du concert du 4 mai – Children’s Corner, Suite bergamasque, L’Isle joyeuse, chez Deutsche Grammophon). Infos détaillées
Comment dépoussiérer, rajeunir et dynamiser le monde du classique ?
David Greilsammer porte un regard singulier sur l’univers de la musique classique et sur la place que celui-ci occupe dans notre société. Quels sont les moyens pour attirer plus de jeunes dans les salles de concert ? Comment «oser» des programmes plus audacieux sans faire peur aux mélomanes ? Comment prendre des risques plus radicaux dans un art qui est profondément ancré dans le passé ? Le format actuel des concerts classiques survivra-t-il à long terme ?
David Greilsammer abordera ces questions importantes et présentera son approche personnelle des grands défis du monde musical actuel.
Billets disponibles à l’entrée. Places à CHF 10.- pour les membres de la Société de Musique. Infos détaillées sur la conférence (site internet du Club 44)Découvrez David Greilsammer en interview dans l’édition du samedi 3 mars d’Arcinfo.
David Greilsammer sera en concert avec le Geneva Camerata et le violoncelliste Gautier Capuçon le 11 mars à 19h à la Salle de musique.Infos détaillées sur le concert du 11 mars