Seong-Jin Cho “au micro” de la Société de Musique: “Je déteste les concours de musique !” Et c’est le vainqueur du dernier Concours Chopin qui le dit… Interview.

Le pianiste sud-coréen de 24 ans, Seong-Jin Cho, est le vainqueur du 17Concours Chopin, prestigieux concours organisé tous les cinq ans à Varsovie qu’ont remporté avant lui de fabuleux interprètes, Maurizio Pollini, Martha Argerich ou Krystian Zimerman, entre autres. Il joue ce soir mardi à Saint-Pétersbourg et demain mercredi à Moscou, avec l’Orchestre Mariinsky direction Valery Gergiev, le Concerto n° 20 KV 466 de Mozart, avant de se rendre à La Chaux-de-Fonds pour un concert unique en Suisse et de poursuivre vers l’Allemagne, la Californie, etc. Seong-Jin Cho a eu la gentillesse de se prêter à une interview expresse juste avant son départ pour Saint-Pétersbourg.

Votre récital clôture la 125e saison de la Société de Musique de La Chaux-de-Fonds. En 125 ans, la Société de Musique a accueilli des pianistes comme Alfred Cortot, Clara Haskil, Martha Argerich mais aussi plus récemment Grigory Sokolov, Piotr Anderszewski, Rafal Blechacz, Louis Lortie ou encore Alexandre Tharaud pour ne citer qu’eux. Connaissez-vous la Salle de musique et connaissez bien le public suisse ?

De nombreux musiciens m’ont parlé de la Salle de musique de La Chaux-de-Fonds. Ils ont loué son acoustique fantastique. J’ai entendu dire qu’elle servait aussi de studio d’enregistrement. Je me réjouis beaucoup de venir y jouer.

Lors de sa récente venue, Alexandre Tharaud nous a chanté vos louanges. Connaissez-vous personnellement Alexandre Tharaud ?

Je connais bien sûr son nom, mais je ne l’ai jamais rencontré personnellement.

Vous allez interpréter entre autre la Sonate no° 3 de Frédéric Chopin lors de votre passage à La Chaux-de-Fonds.
Quelles émotions cette œuvre provoque-t-elle en vous ?

La Sonate n° 3 de Chopin est, à mon avis, une œuvre de grande envergure, la plus imposante de ce compositeur. Bien sûr, Chopin a écrit de nombreuses œuvres dramatiques tels des ballades ou des scherzos. Également des mazurkas, des nocturnes et des valses. La Sonate n° 3 est imposante, avec beaucoup de puissance émotionnelle et dramatique. C’est surtout le 3e et le dernier mouvement qui me touchent particulièrement. Le premier mouvement est complexe harmoniquement et musicalement. Cette œuvre est très exigeante pour un pianiste, aussi bien techniquement que musicalement. Je joue cette œuvre depuis la fin de l’année dernière, j’ai une relation particulière avec elle.

Comment avez-vous construit le programme que vous allez jouer à La Chaux-de-Fonds ?

Je vais interpréter des œuvres de deux compositeurs allemands lors de la première moitié du récital ; Schumann et Beethoven. Schumann est l’un de mes compositeurs préférés. Sa musique est très dramatique mais en même temps aussi très allemande. Ce compositeur a un sens du drame et de l’humour germanique. Il était passionné de littérature, c’est pourquoi il a tellement de choses à raconter dans sa musique, en particulier dans les Fantasiestücke. Celles-ci sont composées de huit pièces qui véhiculent toutes sortes d’émotions, de caractères et de couleurs différentes. Certaines d’entre elles sont très colorées. Beethoven est le compositeur que je respecte le plus. Sa musique est tellement audacieuse. Il a essayé tant de choses et il possédait un esprit novateur. Dans sa jeunesse, sa musique s’inspirait de celle de Haydn et à la fin de sa vie, il est parti dans une toute autre direction. La Sonate pour piano n° 8 est une œuvre de jeunesse, assez classique, dans laquelle on peut entendre la fougue juvénile de Beethoven.

Est-ce que c’est la première fois que vous vous produirez en récital en Suisse ?

 Non, j’ai déjà eu l’occasion de me produire en récital en Suisse par le passé, notamment au Festival de Gstaad et au KKL de Lucerne.

Vous allez vous produire aujourd’hui et demain avec le Mariinsky Orchestra sous la direction de Valery Gergiev à Saint-Pétersbourg et à Moscou, concerts durant lesquels vous interpréterez le Concerto pour piano n° 20 KV 466 de Mozart. Ce genre de concert requiert-il une préparation particulière ?

Tout concert requiert pour moi toujours la même préparation. Que ce soit au Carnegie Hall, dans une autre grande salle ou dans une petite église, je me prépare toujours de la même façon et j’essaye toujours de donner le meilleur de moi-même.

Vous avez gagné en 2015 le Concours international de piano Frédéric Chopin à Varsovie.
Qu’est-ce que ce prix vous a apporté d’un point de vue personnel et professionnel ?

J’étais très heureux d’avoir gagné, parce que je n’avais plus à faire d’autres concours (sourire dans la voix) ! C’est que je déteste les concours de musique (sourire plus marqué !). J’ai participé au Concours Chopin afin de me construire une carrière en Europe. Remporter ce concours m’a permis de le faire, même si je continue à la développer en Europe. Je pense avoir fait de mon mieux et avoir bien travaillé jusqu’à présent, j’espère continuer sur la même voie.

Propos recueillis par la Société de Musique de La Chaux-de-Fonds

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