Francesco Piemontesi s’est prêté au jeu des questions-réponses pour la Société de Musique.
Vous êtes venu pour la première fois à la Salle de musique sur invitation de la Société de Musique lors de sa 120e saison en 2013. Le 18 février, ce sera votre troisième concert pour la Société de Musique. Vous enregistrerez la même semaine un nouvel album. Que vous inspire ce lieu ? Très honnêtement, la Salle de musique de La Chaux-de-Fonds reste ma salle préférée. Il y a beaucoup de caractéristiques qui la rendent unique. Elle a d’abord cette clarté formidable et une réverbération optimale, le mariage des deux est parfait. De plus, l’acoustique de la salle ne change presque pas qu’il y ait du public ou non. C’est extraordinaire. Ce n’est pas le cas avec d’autres salles qui sonnent très différemment suivant s’il y a du public ou non. C’est la raison principale pour laquelle j’adore cette salle et j’ai décidé d’y enregistrer ce disque Schubert et d’y donner ce concert.
Je suppose que c’est la première fois que vous donnez un concert la même semaine et dans le même lieu que vous enregistrez un album. Pensez-vous que cet exercice apportera qqchose de plus à votre jeu et votre concert ? Non, en fait je fais cela à chaque fois. Même pour des enregistrements en studio, je joue le dernier jour devant un public invité en concert. Je l’ai fait avec l’orchestre de la BBC à Londres lorsque j’ai enregistré le Concerto de Schumann. On a fait la même chose, on a pris une partie en studio et une partie en concert (note de l’auteur : ce sera le cas aussi pour le concert du 18 février, le concert s’inscrit dans le cadre de l’enregistrement du disque). C’est bien sûr différent de jouer dans une salle qui est vide et devant le public. Moi j’aime bien mélanger les deux. Peut-être qu’il y aura 1 ou 2 voire 3 Sonates que je prendrai du concert quand j’écouterai l’enregistrement. Je préfère prendre les versions studio, car on ne sait jamais, mais il y a des moments dans un concert où l’on peut être particulièrement inspiré et qui sont très difficiles à obtenir dans une salle qui est vide, c’est pourquoi je laisse la porte ouverte et je choisis après, quand j’écoute les bandes peut-être six mois plus tard. Si une sonate est très bien en concert, je la voudrais sur disque. En tout cas, cela apportera sûrement quelque chose au concert. Etant donné que j’aurais déjà été là pendant plusieurs jours pour les besoins de l’enregistrement, j’aurais eu le temps de m’acclimater à la salle et à l’acoustique. Il y aura donc des conditions optimales. Lorsqu’on est en tournée, on a une heure pour se familiariser avec la salle puis il y a le concert, donc on n’a pas vraiment le temps pour cela. Cette fois, j’aurais plus de trois jours pour prendre mes marques, c’est magnifique.
Vous enregistrez et vous jouerez les 3 dernières Sonates pour piano de Schubert. Que représentent ces oeuvres pour vous ? Schubert est mon compositeur préféré. Et ces oeuvres font partie de mes préférées, elles sont très particulières. Psychologiquement ces 3 dernières Sonates sont les plus intimes. J’ai l’impression que Schubert livre ses pensées les plus personnelles, c’est comme si on parlait à la première personnes avec le compositeur lorsqu’on joue ces oeuvres et c’est quelque chose de très rare. Il y a de la musique qui chante, de la musique qui nous fait rire, de la musique qui nous fait penser, il y a de la musique spirituelle, mais une musique qui nous parle à ce niveau-là c’est vraiment rare. J’ai cette impression à chaque fois. Quand je travaille ces trois oeuvres, j’ai l’impression d’être dans un dialogue immédiat avec le compositeur et cela me fascine.
Vous habitez Berlin. Est-ce que pour mener une carrière comme la vôtre, il était nécessaire de quitter la Suisse ? Au début sûrement pour lancer une carrière, car il n’y a pas en Suisse les structures nécessaires pour entrer dans un circuit de concert comme en Allemagne par exemple. Cela n’apporte pas assez de concerts. Et il y a toujours eu cette tendance en Suisse dans le domaine de la culture de mettre en évidence des artistes venant de l’étranger plus que des talents nationaux. Je ne sais pas d’où cela vient, mais c’est quelque chose de frappant que j’observe de l’extérieur puisque j’habite à l’étranger depuis 15 ans. C’est une maladie très suisse, je n’ai jamais vu cela dans d’autres pays. Je trouve cela presque scandaleux. Maintenant que ma carrière a pris l’envergure qu’elle a prise et que j’ai joué avec la plupart des grands orchestres du monde, on m’invite et on me considère comme pianiste suisse. Si je n’avais pas joué avec des orchestres de Los Angeles, Londres, Tokyo et de Berlin, je n’aurais jamais eu de carrière en Suisse. Le système est à repenser. D’autres pianistes suisses sont dans le même cas. Peut-être que le fait que nous fonctionnons non pas de manière centralisée mais par canton ne facilite pas les choses, mais le système de promotion de la culture doit vraiment être révisée.
Vous avez votre propre festival à Ascona. Que vous apporte cette activité d’organisateur/programmateur en tant qu’artiste ? Cela apporte beaucoup, une connaissance du monde de la musique, par exemple des managers d’orchestre que je n’aurais jamais connus si je jouais uniquement sur scène. On comprend mieux pourquoi certaines choses sont faciles à organiser et d’autres non, et comment fonctionne le monde musical européen et mondial. C’était important pour moi de donner quelque chose de personnel au festival, où j’ai découvert moi-même la musique à l’âge de 4 ou 5 ans. J’y ai écouté mes premiers concerts, c’est là que j’ai appris à connaître un univers sonore et musical à travers ce festival, mes premières symphonies (de Tchaïkovski et même de Beethoven). C’est quelque chose d’émouvant de programmer soi-même des concerts et peut-être y aura-t-il quelqu’un qui écoutera ses premiers concerts là-bas tout comme moi à l’époque.
Propos recueillis par la Société de Musique de La Chaux-de-Fonds
Francesco Piemontesi inscrit durablement les trois dernières Sonates pour piano de Schubert dans la saison du 125e anniversaire de la Société de Musique. Interview par Dominique Bosshard, extraits : Schubert a toujours été mon compositeur préféré. J’ai donc passé beaucoup de temps avec sa musique. Quand on a beaucoup réfléchi à certains morceaux, on a, tout naturellement, envie de les partager avec un public. (…) C’est comme si Schubert vous racontait ses états d’âme à la première personne, il instaure un dialogue très intime. (…) Il faut beaucoup de temps pour s’approcher de la musique de Schubert, et savoir faire preuve de beaucoup de patience envers soi-même. (…)
Quand je suis au concert, il me suffit de quelques minutes pour savoir si le soliste fait de la musique de chambre ou non. (…) Chez beaucoup de mes collègues, je constate une tendance à tout exagérer. Les «pianissimo» deviennent inaudibles; on casse le piano pour les «forte»; quand le mouvement est rapide, on est pris dans un tourbillon, et ça n’en finit plus dans les mouvements lents. (…)
La Salle de musique est, en effet, l’une des meilleures au monde, elle fait l’unanimité parmi les artistes. Le son y est d’une clarté incroyable, mais jamais sec (…).
Découvrez l’intégralité de l’interview dans l’édition d’Arcinfo du 13 février.
Vibrez avec Cristian Budu, Prix Clara Haskil 2013, dans un programme sur mesure pour lui le 3 février 2018 à 20h15 à la Salle Faller.
Le jeune pianiste brésilien a sorti un premier album chez Claves en mai 2016, donnant une version très personnelle des Préludes de Chopin et des sept Bagatelles op. 33 de Beethoven sur le magnifique piano de la Société de Musique de La Chaux-de-Fonds, à la Salle de musique, dont Le Courrier dira ceci : Classicisme très pur — Une nouvelle étoile brille depuis peu au firmament de la nouvelle génération des pianistes classiques. Cristian Budu fait partie de ces talents intuitifs, lumineux et doués d’une technique sonore à la fois rigoureuse et généreuse, qui parviennent à vivifier des partitions dont on pensait avoir fait le tour. Le tout premier album soliste du jeune virtuose brésilien, publié chez Claves, propose ainsi une version enchantée des Préludes de l’Opus 28 de Chopin, complétée par les sept Bagatelles op. 33 de Beethoven (…).
« Je voulais vraiment graver les Préludes avec qui je vis depuis si longtemps, que je ressens comme des peintures sonores, entre la vie et la mort ». Cristian Budu dans 24 Heures.
Avec les Capuçon – Renaud et Gautier – c’est une affaire de cœur. Une réelle amitié lie en effet ces musiciens remarquables à la Société de Musique, puisqu’ils ont fait leurs débuts à La Chaux-de-Fonds. On les retrouve régulièrement programmés par la Société de Musique depuis les années 90. Après cinq ans d’absence de nos programmes, retrouvailles avec Renaud Capuçon, violoniste star à l’agenda de ministre, qui a enregistré à plusieurs reprises à la Salle de musique dont il affectionne particulièrement l’acoustique. Au programme, une combinaison aussi inattendue qu’exquise alternant les Concertos pour violon nos 2, 3 et 5 de Mozart avec les Gymnopédies nos 1, 2 et 3 de Satie. Dimanche 28 janvier à 17h, Salle de musique.
Concert enregistré par RTS-Espace 2.
Renaud Capuçon signera ses disques à l’issue du concert. Ecoutez un extrait du Concerto n° 3 de Mozart par Renaud Capuçon au Verbier Festival
Infos détaillés sur le concert
La
Société de Musique de La Chaux-de-Fonds a le plaisir d’accueillir le premier alto solo de la Philharmonie de Berlin, Máté Szücs, en concert avec la pianiste Nadia Belneeva le 21 janvier et en cours d’interprétation public le 22 janvier 2018.Le concert du 21 janvier (17h, Salle Faller) est diffusé en direct et coproduit par RTS – Espace 2, L’Heure Musicale.
Après le trompettiste star Reinhold Friedrich, la Société de Musique de La Chaux-de-Fonds a le plaisir de faire entendre une autre pointure internationale de la musique classique à son publicavec Máté Szücs, premier alto solo de la Philharmonie de Berlin depuis 2011.
Ancien pensionnaire à la «Chapelle Musicale Reine Elisabeth de Belgique», dont il sort avec la plus haute récompense, le Hongrois Máté Szücs est lauréat de nombreux concours nationaux et internationaux, notamment du Premier prix du Concours international de violon et d’alto de Lüttich, du Prix international du concours d’alto Jean Françaix à Paris et du Concours international de musique Tenuto à Bruxelles. Il a été alto solo entre autres de l’Orchestre symphonique de la Radio de Hesse à Francfort-sur-le-Main et à la Kammerphilharmonie allemande à Brême, de l’Orchestre symphonique de Bamberg et de la Staatskapelle Dresden. Enseignant, il est régulièrement invité comme professeur et donne des masterclasses un peu partout dans le monde. Il enseigne également à l’Académie de la Philharmonie de Berlin depuis 2013. Il se produit régulièrement comme soliste ou avec des musiciens.
C’est avec la pianiste bulgare Nadia Belneeva que Máté Szücs donnera un concert à la Salle Faller le 21 janvier à 17h avec au programme la Sonate pour alto et piano en fa maj. op. 11 n° 4 de Paul Hindemith (lequel s’installa en 1951 à Blonay (VD) où une fondation, magnifiquement située, porte son nom), les Fantasiestücke en la mineur op. 73 de Robert Schumann (qu’il composa en deux jours!), la Sonate pour alto et piano op. 147 de Dimitri Chostakovitch (un regard lucide sur un parcours de vie complexe se cristallise dans cette sonate) et les Danses roumaines de Bihar de Ferenc Farkas. Ce dernier, un compatriote de Szücs, était lui aussi pédagogue. En effet, Ferenc Farkas, un élève de Respighi, était pianiste, compositeur et pédagogue; on trouve parmi ses élèves, entre autres, Ligeti et Kurtág. Comme beaucoup de compositeurs hongrois du XXème siècle, il était actif dans la recherche de musiques traditionnelles hongroises et roumaines, ce que l’on retrouve dans l’œuvre proposée pour ce concert.
Pédagogue, répétitrice, accompagnatrice et interprète de musique de chambre particulièrement sollicitée, on retrouve Nadia Belneeva en concert avec diverses formations et lors de festivals internationaux. Elle est régulièrement invitée en tant qu’assistante à des cours d’interprétation. Actuellement, Nadia Belneeva vit à Bâle et travaille au Theater Basel et à l’Académie de Musique de Bâle.
Le concert du dimanche 21 janvier (17h, Salle Faller) est diffusé en direct et coproduit par RTS – Espace 2, L’Heure Musicale.
Nous avons la grande chance d’accueillir Máté Szücs pour un deuxième rendez-vous: le premier alto solo de la Philharmonie de Berlin donnera un cours d’interprétation public lundi 22 janvier à la HEM – Haute Ecole de Musique de Genève – site de Neuchâtel (Auditorium I) de 10h à 13h et de 14h à 17h.
La Société de Musique de La Chaux-de-Fonds a été a été fondée le 18 janvier 1893. Nous fêtons par conséquent notre 125e anniversaire dans quelques jours. Rappelons que Camille Saint-Saëns lui-même donna, au Grand Temple, un récital pour violon et orgue le 29 septembre 1896 sur invitation de la Société de Musique!
L’orgue de la Salle de Musique a été inauguré le 20 janvier 1957 lors d’un concert dirigé par Robert Faller. La Société de Musique invita ensuite régulièrement des organistes dont les récitals furent donnés sous forme de concerts gratuits (depuis la saison 1960-1961), non compris dans les abonnements, le dimanche après-midi, à raison de deux par saison. Le 24 mai 1983 se constitua une Société des concerts d’orgues et la Société de Musique abandonna logiquement cette tradition. La Société de Musique offrira toutefois gratuitement un concert annuel d’orgue à son public (en 1987-1988 puis dès 1993).
Cette tradition se poursuit aujourd’hui encore, avec le soutien de la ville de La Chaux-de-Fonds et du Théâtre populaire romand, mettant ainsi en valeur l’orgue de la Salle de musique et soulignant la rareté de la présence d’un instrument d’une telle qualité dans une salle de cette taille. Ce concert prend cette année une couleur particulière, puisqu’il est aussi l’occasion pour Philippe Laubscher de fêter ses 50 ans en tant que titulaire des grandes orgues de la Salle de musique. Nous avons déjà eu l’occasion d’entendre Philippe Laubscher dans diverses formations, classiques et contemporaines. Le concert du 14 janvier sera symphonique avec la présence de l’Ensemble Symphonique de Neuchâtel sous la direction d’Alexander Mayer.
Dimanche 14 janvier à 17h, Salle de musique Infos détaillés sur le concert
Avec le soutien de la Ville de La Chaux-de-Fonds et du TPR et en collaboration avec l’ESN
C’est à un grand concert avec le Mendelssohn Kammerorchester Leipzig que nous vous convions le 17 décembre à la Salle de musique. Au programme notamment le cantor de Leipzig, Jean-Sébastien Bach. La Cantate « Jauchzet Gott in allen Landen », une oeuvre qui fait par ailleurs également la part belle à la trompette, sera interprétée par la soprano allemande Dorothee Mields, concertiste, soliste et pédagogue de haut rang qui s’est prêtée pour nous au jeu de l’interview. Dorothee Mields interprétera aussi Johann Rosenmüller, un compositeur injustement peu connu, que le destin empêcha, de manière cruelle, de devenir le prédécesseur de Bach à Leipzig. Le Concerto Brandebourgeois n° 2 de Bach, pièce diaboliquement difficile en particulier pour la trompette sera l’occasion pour Reinhold Friedrich, instrumentiste virtuose et référence mondiale, de démontrer toute l’étendue de son talent. Vous pourrez découvrir une interview du maestro dans L’Express et L’Impartial du vendredi 15 décembre !
Dimanche 17 décembre à 17h : concert à la Salle de musique
lundi 18 décembre de 8h30 à 12h30 : cours d’interprétation public par Reinhold Friedrich Salle Faller du Conservatoire de musique neuchâtelois – site de La Chaux-de-Fonds
Entrée libre
La soprano allemande Dorothee Mields appartient à cette lignée de très grands interprètes restés proche du monde et de son public. Guidée par un amour profond de la musique, par un intense respect de la vie, de la nature et de tout ce qui fait leur beauté, elle s’est livrée à la Société de Musique de La Chaux-de-Fonds de manière généreuse et intime, interview :
Vous allez chanter à La Chaux-de-Fonds la Cantate BWV 51 de Bach. Vous avez enregistré une grande partie des Cantates du Cantor de Leipzig en compagnie des plus grands chefs, tels que Ton Koopmann, Frans Brüggen ou encore Philippe Herreweghe pour ne citer qu’eux. Cette passion pour un tel compositeur et un tel chef d’œuvres coule-t-elle de source?
D’une certaine manière oui. Pourtant, ça n’a pas été l’amour au premier regard. A six ans, je jouais du violon et je dois dire que j’ai eu un formidable professeur qui m’a énormément apportée. Toutefois ce professeur d’origine russe et américaine était plutôt passionné de classicisme. Bach n’avait pas vraiment sa place. Lorsque j’étais enfant et adolescente, je le trouvais ennuyeux. Puis il y a eu deux événements qui se sont produits dans les années 80, qui ont été comme une révélation pour moi, car j’ai pu découvrir l’exécution de la musique de Bach sur instruments d’époque. Avec mon premier argent gagné, j’ai acheté mon premier lecteur de CD. Un département discographique a été aménagé dans les années 80 à la bibliothèque municipale de Gelsenkirchen où j’ai grandi. Il était toujours pris d’assaut et il restait souvent 2 ou 3 CD dont ceux de Bach. Et ce fut une grande chance finalement, car cela m’a permis de découvrir de la musique que je n’aurais probablement pas découverte autrement. A l’époque, j’étais fan de Puccini et de Tchaïkovski. J’ai écouté un CD de Philippe Herreweghe avec la Cantate BWV 21 de Bach (Ich hatte viel Bekümmernis – J’avais grande affliction en mon cœur) et la manière dont cette œuvre était interprétée m’a complètement renversée. J’ai eu une révélation. Ce fut le coup de foudre au deuxième regard. Le 2e événement fut un concert avec Ton Koopman et le ABO à Stuttgart lors d’un festival. C’était la première fois que je les voyais sur scène, je crois que c’était en 1986. Nous avions créé un ensemble et j’étais complètement habitée par la musique baroque et j’ai su que c’était ce que je voulais faire. C’était clair dans mon esprit. Je savais que je voulais devenir chanteuse, mais je m’étais d’abord persuadée devenir une chanteuse dramatique d’opéra italien (rires), puis j’ai su que ce serait la musique baroque. J’étais transportée par la clarté des cordes – les orchestres modernes le font aussi aujourd’hui – mais à l’époque c’était une toute autre manière de jouer. J’écoutais en boucle les enregistrements de Herreweghe. Pour moi c’était donc un rêve absolu devenu réalité lorsque j’ai pu faire de la musique avec lui. Cela l’est toujours.
Vous chanterez aussi dimanche une œuvre de Johann Rosenmüller qui faillit devenir le prédécesseur de Bach à Leipzig, s’il n’avait été emprisonné semble-t-il pour homosexualité! Quel regard portez-vous sur ce compositeur et sur sa destinée?
La musique créée par des musiciens ou des compositeurs en souffrance est souvent exceptionnelle. La musique guérit les maux, c’est particulièrement flagrant avec ce type de compositeurs ayant vécu la souffrance. Je viens de lire un livre intéressant d’une scientifique spécialiste du traumatisme, Luise Reddemann (Überlebenskunst, se basant surtout sur la musique de Bach). Bach a vécu un traumatisme, il a perdu beaucoup d’enfants et la mort était tout autour de lui. Il y a un lien avec sa musique. Quand on fait de la musique alors qu’on vit une situation dramatique, cette musique peut procurer du réconfort et ce sentiment se transmet aux autres. Je sens très fort cela chez Rosenmüller. Le texte de l’œuvre que je vais chanter est très puissant. On entrevoit le paradis et on désire être réuni avec Christ, mourir pour revivre ensuite. Nous n’avons pas la même conception des choses aujourd’hui, à l’époque la mort était très présente. Il fallait s’accommoder d’elle, la traiter comme une amie, sinon vivre aurait été insupportable. La cantate de Rosenmüller est d’une grande beauté malgré son texte sinistre. Heureusement il est en latin, on ne le comprend pas forcément (rires). Lorsque j’interprète une œuvre dont le texte ne me correspond pas, j’imagine des sous-titres qui me parlent et qui restent fidèles, je crois, à ce que le compositeur a voulu dire.
A vos côtés, dans les deux œuvres dont nous venons de parler, Reinhold Friedrich tiendra la partie de trompette. Quel est votre regard sur ce musicien d’exception?
Nous nous sommes rencontrés il y a deux ans à la Semaine Bach d’Ansbach où nous avons interprété le même programme. Nous nous sommes très bien entendus sur le plan personnel et musical. Ce fut un vrai feu d’artifice musical, parce que nous avons tous deux une envie inextinguible en nous de faire de la musique. C’est quelque chose d’inspirant et de communicatif sur scène. C’est aussi quelqu’un de très jovial. Je le suis aussi. Nous nous complétons avec nos différences aussi. Je me réjouis beaucoup de le retrouver en concert dimanche.
Vous avez enregistré un disque intitulé «Birds» avec le chef Stefan Temmingh avec qui vous partirez d’ailleurs en tournée en Chine au printemps prochain. Vous semblez très sensible aux oiseaux?
Je ne sais pas d’où cela vient, mais je trouve les oiseaux magnifiques. J’en ai devant ma fenêtre, je les nourris et ils sont si dociles, qu’ils rentrent chez moi. Il y a par exemple un rouge-gorge qui me rend visite. Lors d’une tournée où j’étais donc absente de chez moi, mon mari a oublié de déposer de la nourriture devant la fenêtre. Le rouge-gorge est rentré par la fenêtre qui était basculée et il m’a cherchée. Mon mari m’a dit qu’il connaissait si bien les lieux que ce ne devait pas être la première fois qu’il rentrait pour voir si j’y étais (rires). Il est allé explorer les étagères, la cuisine, etc. J’ai déjà eu une mésange dans la maison. Elle s’est réfugiée chez moi à cause de la tempête. Elle a passé la nuit chez moi. Les oiseaux recherchent inlassablement de la nourriture, car ils ont un métabolisme très rapide. Ils sont donc toujours très occupés. C’est quelque chose qui me parle. Voyager tel un albatros. Cette faculté naturelle qu’ils ont à créer des sons. Cela me touche énormément. Le travail qu’ils font au printemps… Cette manière simple et naturelle de vivre me convient. Cela me rappelle le Quatuor pour la fin du temps de Messiaen. La première fois que je l’ai entendu, j’ai pleuré. Messiaen était prisonnier dans un camp quand il l’a écrit. Le chant des oiseaux symbolisant la liberté, cette beauté de la nature, me touche. Dans les airs baroques sur les oiseaux, il y a cette liberté et cette mélancolie de la beauté de la nature. Mais aussi l’idée que Dieu est présent dans toute cette beauté. Tous ces sujets me touchent personnellement. Moi-même, quand je suis fatiguée et que j’ai besoin de me régénérer, je vais dans la nature pour regagner de la vitalité et de l’énergie. Être dans la forêt et voir des oiseaux. Je me sens tout de suite mieux. J’ajouterais encore au sujet de Stefan Temmingh et de Reinhold Friedrich, qu’ils partagent une incroyable virtuosité sur leurs instruments. Ils ont une très grande personnalité musicale.
Vous chanterez dimanche dans le cadre de la 125e saison de la Société de Musique de La Chaux-de-Fonds! Une des caractéristiques que soulignent bon nombre de musiciens invités ici est la convivialité et l’accueil chaleureux. Est-ce une qualité pour vous?
(Rires) La convivialité est la plus belle chose au monde, indépendamment de la musique. Madame Giesselmann, mon agent, a déjà été à La Chaux-de-Fonds, et elle n’est que louange. Elle m’a dit «tu verras, tu vas tellement t’y plaire». Il y a toujours deux côtés, le premier c’est de me réjouir d’un concert et de tout donner pour le public, le deuxième c’est de me retirer et de rester sans parler pendant une journée. C’était le cas hier, lundi. J’ai eu un concert dimanche à Berlin avec mon programme Monteverdi. Hier j’ai pris pris le train pour Leipzig. J’avais la journée de libre et cela m’a permis de décompresser, de rester dans ma chambre puis d’aller me promener et d’éviter les autres. Aujourd’hui débutent les répétitions pour mon prochain concert. Là je me réjouis énormément de venir à La Chaux-de-Fonds.
Vous êtes passablement active sur les réseaux sociaux. Que représente cet outil à vos yeux dans une grande carrière telle que la vôtre?
Pour moi, ce n’est pas quelque chose dont j’ai besoin pour ma carrière. C’est une forme d’expression. J’ai commencé ma page Facebook pour rester connectée avec mes collègues de musique ancienne. Nous ne sommes pas très nombreux et nous sommes répartis dans le monde entier. J’ai commencé cette communication avec les réseaux sociaux avec ma maman qui est décédée en 2012. Mes parents se sont beaucoup occupés de ma fille, qui a 24 ans aujourd’hui, quand elle était petite. Cela m’a permis de poursuivre ma carrière de chanteuse. Mon père est parti à la retraite quand ma fille est née. Ils m’ont toujours accompagnée. D’abord comme baby-sitters, ils ont joué un rôle central dans la vie de ma fille. Ils étaient tous du voyage. Ma maman faisait des gâteaux pour l’orchestre. Lorsque mes parents n’ont plus été en mesure de m’accompagner, ma fille avait alors 12 ans, ils sont d’abord retournés à Gelsenkirchen. J’ai dû m’occuper de mes parents malades. Ma maman ne pouvait plus marcher. Et tout à coup pour ma maman, Facebook est devenu un moyen de rester en contact avec le monde extérieur. J’avais tous ces amis de l’orchestre sur Facebook. Elle les connaissait. C’était une joie immense pour elle d’avoir des nouvelles d’eux. De savoir que l’un deux s’était acheté un nouveau camping-car. De lire et de suivre les commentaires. C’était précieux pour quelqu’un qui ne pouvait plus sortir. J’étais contente de ce lien. Cela permet de garder un contact avec les autres, mais cela risque aussi de remplacer le contact avec les autres. Il faut être très prudent et faire preuve de discipline avec cela pour faire la distinction. Ma page est devenue une fan-page. J’ai tellement d’amis que j’ai perdu le fil. Il y a des gens que je ne connais pas personnellement. Mais c’est important pour moi de rester accessible, de ne pas être cette chanteuse sur scène qui est distante avec le public. Je voudrais être davantage. Si je veux toucher le cœur des gens, il faut que je révèle et que j’offre davantage de ma personnalité. En contrepartie, les gens m’ouvrent leur cœur et c’est magnifique de vivre cela sur scène. Il m’est déjà arrivé de partager une expérience très personnelle avec les personnes qui sont abonnées à ma page et d’avoir beaucoup de réactions positives et de nouvelles inscriptions privées. Avec ce genre de page, on se crée une bulle de filtre sociétal, où l’on peut partager des choses personnelles avec les autres. C’est un avantage. Mais l’inconvénient est qu’on reste dans une sorte de monde idéal. Il y a beaucoup de discussions en ce moment en Allemagne au sujet de la radicalisation. Il y a même un outil terrible qui permet de vérifier si on a parmi ses amis Facebook des sympathisants du parti populiste de droite en Allemagne. Super si on n’en a pas, mais est-ce que cela représente vraiment la réalité? Avoir une page Facebook n’est pas très important, mais les gens sont importants.
Vous avez consacré votre dernier enregistrement à Monteverdi, en compagnie de l’orchestre baroque berlinois Lautten Compagney. Quel regard portez-vous sur cet ensemble de grande réputation?
Nous partageons 20 ans d’histoire commune. Nous venons de donner un concert La dolce vita avec le programme Monteverdi à Berlin dimanche 10 décembre (avec le CD qui vient de paraître). En 20 ans, beaucoup de choses évoluent, à commencer par la collaboration musicale. Nous nous connaissons si bien Wolfgang (Katschner) et moi, nos qualités et nos défauts, comme un vieux couple. Mais cela va de pair quand on fait de la musique de manière très intensive. C’est ce qui nous unit tous, car chacun dans cet orchestre vit sa passion pour la musique avec toutes les fibres de son corps. Nous ne faisons pas cela pour devenir célèbres et gagner beaucoup d’argent, mais parce que nous voulons faire de la musique tout simplement. Cet ensemble fonctionne de manière démocratique, il faut donc plus de temps pour trouver un consensus, mais le résultat est d’une très grande profondeur. Ce qui me surprend et me touche à chaque fois. Avec le CD La dolce vita – Monteverdi, nous avons beaucoup expérimenté. C’est que Monteverdi n’a pas écrit beaucoup d’airs, nous avons donc dû nous creuser la tête. Je ne fais pas beaucoup d’opéras. Ce n’est pas quelque chose qui ne me séduit pas, mais je préfère la version concertante de l’opéra. Je n’ai pas besoin de marcher de long en large sur une scène. Je préfère me concentrer sur l’interprétation du texte et la couleur des mots. C’est ce qui nous lie avec l’orchestre, car Wolfgang a lui aussi une obsession du mot. Nous avons donc pris des madrigaux, comme cela se fait dans la musique anglaise. Ils ne sont pas exécutés comme ils l’auraient été en Italie. Je chante une voix et les autres voix sont interprétées par des instruments. Si ces instruments ont un caractère chantant, on ne remarque plus qu’il n’y a pas de voix humaine. Il y a des madrigaux qui sont entièrement joués par des instruments. Et cela fonctionne. On comprend le texte. Leur exécution est si vivante.
C’est au piano qu’est consacré le concert du 3 décembre et en particulier au piano à quatre mains. Ensemble ensorcelant formé des deux charmantes pianistes Ariane Haering et Ardita Statovci, le Duo Ariadita a donné son premier concert à La Chaux-de-Fonds il y a deux ans. Alexander Müllenbach, pianiste, compositeur et chef d’orchestre, sera parmi le public dimanche. Sur commande du Festival « Aspekte » de Salzbourg, il a écrit ses « Paysages imaginaires » pour le Duo Ariadita, au programme du concert de dimanche.
Dimanche 3 décembre à 17h, Salle Faller, La Chaux-de-Fonds Introduction à 16h15 par François Lilienfeld. Le concert sera suivi d’une verrée en présence des artistes.
Depuis 2010, Vincent Coq (à gauche sur la photo) est professeur de musique de chambre à la Haute École de Musique de Lausanne.
Préambule
Le concert du Trio Wanderer à La Chaux-de-Fonds le 26 novembre a une signification symbolique en cette 125e saison de la Société de Musique. En effet, c’est avec le concert du Trio Wanderer, donné le 14 mars 2010, que nous annoncions la fusion des Heures de Musique et de la Société de Musique de La Chaux-de-Fonds. A l’époque, le Trio Wanderer avait donné le programme suivant : Antonin Dvořák, Trio op. 90 «Dumky», Franz Liszt, Tristia (transcription de la Vallée d’Obermann) et Bedrich Smetana, Trio op. 15. Le Trio Wanderer a un lien fort avec La Chaux-de-Fonds car il est souvent venu que ce soit pour des concerts comme invité de la Société de Musique ou pour des enregistrements à la Salle de musique.
Dans la plaquette du 75e anniversaire, Yehudi Menuhin rendait hommage au peuple franc-montagnard et saluait le respect des traditions qui lui sont chères, traditions qui se perdent dans les grands centres. La Société de Musique est connue depuis 125 ans pour son accueil. Vous êtes venus à plusieurs reprises en concert, invité par la Société de Musique de La Chaux-de-Fonds. Que pensez-vous de la Société de Musique d’une part et de la Salle de musique d’autre part ?
La Société de Musique fait partie de ces grandes sociétés ou associations historiques, typiques en Europe, comme on en trouve encore en Allemagne mais hélas beaucoup moins en France aujourd’hui (au profit des structures étatiques beaucoup moins performantes). Elle font vivre la musique de chambre depuis des décennies voire un siècle et, contrairement aux organisateurs de concerts ou de festivals, marchent souvent avec des abonnements. Elles ont une connaissance du répertoire et une écoute en profondeur de la musique. Il y a donc une continuité dans leur travail. La Salle de musique est bien sûr très connue, mythique en Europe, avec son acoustique exceptionnelle, où énormément de grands artistes comme Claudio Arrau ont enregistré des albums. Nous y avons enregistré quatre ou cinq disques pour Harmonia Mundi. Nous avions connu M. Houriet, ancien président de la Société de Musique, quand nous étions plus jeunes. Une personnalité. Mais nous apprécions beaucoup la nouvelle structure et le renouveau qu’elle a su apporter. Ce qui est important avec ce genre de sociétés c’est le renouvellement du public. On ne peut pas se reposer sur ses lauriers et garder le fonctionnement qu’on avait au 19e siècle. Les médias et les moyens de communication changent. Depuis la nouvelle organisation, la Société de Musique a pris un coup de jeune, ce qui est très important. Nous aimons ce type de sociétés, car elles créent une base musicale importante en Europe et ce depuis fort longtemps. Le public est fidèle et cultivé. Nous savons tout le travail que fait la Société de Musique de La Chaux-de-Fonds. Elle a une vraie identité, donc une âme. C’est très important. Et puis les deux pianos de la Salle de musique appartiennent à la Société de Musique et je me souviens avoir enregistré sur le piano d’Arrau (NB: le piano sur lequel jouait Claudio Arrau au début des années 60 et le piano inauguré par Grigory Sokolov en 2009 appartiennent à la Société de Musique et sont toujours utilisés aujourd’hui).
Le dimanche 26 novembre, vous allez interpréter notamment le Trio n° 1 en si majeur op. 8 de Brahms dans sa version de 1854, que le compositeur a écrite alors qu’il n’avait que 21 ans. Le compositeur a retravaillé cette œuvre 20 ans plus tard. Vous avez enregistré ces deux versions, notamment à la Salle de musique. Qu’est-ce qui les différencie ?
Nous avons d’abord enregistré la dernière version. La première a été un peu oubliée au profit de la seconde. Celle-ci est la plus connue, c’est l’œuvre d’un maître à l’apogée de sa carrière, il y a donc une sorte de perfection. Cette première version est une œuvre romantique, moins structurée. Elle fourmille d’idées. Elle a ses qualités de ses défauts. Elle a été écrite à l’époque où Brahms était en rapport avec les Schumann. Brahms était amoureux de Clara, la femme de son ami et mentor Robert. On retrouve dans cette œuvre des allusions évidentes de cet amour transi qu’il avait pour Clara. Dans le dernier mouvement, il y a des citations (il y a en plusieurs) à «An die ferne Geliebte» (à la lointaine bien-aimée) de Beethoven, allusion directe à ses pensées pour Clara Schumann. C’est une œuvre pleine de passion, pleine de romantisme, avec de petits défauts au niveau la structure dus à un certain manque de maturité, mais c’est une œuvre formidable qui a été jouée durant toute la vie de Brahms. C’est à la demande de certains de ses amis que le compositeur a retravaillé la première version.
Vous fêtez vos 30 ans de carrière avec le Trio Wanderer en 2017. Quels en sont les moments forts ?
C’est très difficile de répondre à cette question. C’est plutôt une sorte de construction qui se fait peu à peu. Le moment fort c’est la rencontre, quand on a commencé à jouer ensemble. Les rencontres qu’on a faites lorsque nous étions étudiants, comme celle, extraordinaire avec le Quatuor Amadeus. On a eu la chance de travailler avec Norbert Brainin, c’était formidable. Ce sont des moments forts. Il y a les concerts. On a joué au Festival de Salzbourg. Ce sont des choses qui marquent. Il y a aussi des moments beaucoup plus anecdotiques, quand nous étions jeunes, qui n’ont pas été importantes pour la carrière, mais qui ont suscité des rencontres parmi les plus marquantes et les plus belles dans notre parcours. Je vais reprendre un mot de Leon Fleisher avec qui j’étais en contact plus jeune : «La chose la plus importante pour une carrière c’est l’expérience». Je suis de plus en plus convaincu de cela. Un musicien c’est une accumulation d’expériences, qui enrichissent la personne et peuvent transparaître dans sa façon de jouer. Pour nous, chaque concert a son importance, je ne pourrai donc pas citer l’un ou l’autre en particulier.
Où vous voyez-vous dans 20 ans ?
Nous ne faisons pas de plan. On ne sait pas quelle envie on aura. Nous ne pensons pas à cela. Et d’ailleurs si on prend le terme «Wanderer» du romantisme allemand, c’est un jeune homme qui part de chez lui à la découverte du monde et qui fait une sorte de voyage initiatique. La particularité du Wanderer est qu’il n’y a pas de but. Il n’a pas d’objectif défini. C’est une forme de vagabondage ou d’errance. Il y a cette idée qu’on est toujours en chemin. Et pour ceux qui connaissent les Winterreise (Voyages d’hiver) de Schubert, à la fin, le héros est mort. Et même dans la mort, il continue à marcher sans savoir où il va. C’est cela qui est portant je crois. Nous n’avons pas de but précis. A chaque fois, nous découvrons d’autres choses et faisons d’autres expériences, rien qu’avec le répertoire. Cette année par exemple, nous jouons sept ou huit nouvelles œuvres, donc différentes. Nous rencontrons de nouveaux musiciens. Il y a toujours quelque chose de nouveau. L’important c’est de se dire : on n’est jamais arrivé. Il ne faut surtout pas se dire : il n’y a plus rien à faire ou à apprendre. Ce qui tue un musicien c’est la routine. Il faut toujours se surprendre. Nous n’avons pas de plan, nous ne fonctionnons pas comme cela. Et cela évite l’ennui.
Quels sont vos projets d’enregistrement ?
Nous venons d’enregistrer un ensemble de Trios de Haydn. L’enregistrement paraîtra en fin d’année. Nous allons enregistrer en janvier, toujours pour Harmonia Mundi, des Trios de Rachmaninov. Ce disque sortira fin 2018. Nous avons encore plusieurs projets d’enregistrements en 2018, mais nous n’avons pas encore arrêté notre choix.
Propos recueillis par la Société de Musique de La Chaux-de-Fonds